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Système immunitaire

Pneumonie : comment les bactéries utilisent notre peroxyde d'hydrogène pour déclencher la maladie

D'après une nouvelle étude suédoise, la bactérie Streptococcus pneumoniae, à l'origine de la pneumonie, utiliserait le peroxyde d'hydrogène présent dans notre corps pour déclencher la maladie. 

Pneumonie : comment les bactéries utilisent notre peroxyde d'hydrogène pour déclencher la maladie KatarzynaBialasiewicz/iStock




Le peroxyde d'hydrogène est un composé chimique de formule H2O2. Sa solution aqueuse, la fameuse eau oxygénée, est régulièrement utilisée pour blanchir les dents, éclaircir les poils ou encore nettoyer les surfaces et désinfecter les plaies. Mais ce composé n’est pas disponible qu’en magasin : il existe naturellement chez les êtres vivants, donc dans notre organisme, comme sous-produit de la respiration cellulaire. Et d’après une étude suédoise parue ce lundi 2 août dans la revue Nature Communications, certaines bactéries s’en serviraient pour affaiblir notre système immunitaire, provoquant des pneumonies.

Ouvrir la voie à l'attaque d'autres microbes

Au cours de leur étude, Saskia Erttmann et Nelson Gekara de l'Université d'Umeå et de l'Université de Stockholm (Suède) se sont concentrés sur la bactérie Streptococcus pneumoniae. Plus connue sous le nom de pneumocoque, elle est à l’origine de la pneumonie mais peut aussi entraîner une méningite ou une septicémie grave. Elle peut également ouvrir la voie à l’attaque d’autres microbes, ce qui en fait l’une des bactéries les plus mortelles au monde. Toutefois, de nombreuses personnes sont porteuses de cette bactérie dans leurs voies respiratoires supérieures sans que cela ne déclenche jamais la moindre maladie.

En travaillant sur des rongeurs, les chercheurs ont découvert qu’en libérant de grandes quantités de peroxyde d’hydrogène, le pneumocoque et de nombreux autres microbes parviennent à résider dans le corps sans entraîner une réaction inflammatoire qui les délogerait en ciblant les inflammasones. Ces dernières sont des complexes protéiques qui, en reconnaissant les molécules étrangères que l’on retrouve par exemple dans les microbes ou cellules endommagées, déclenchent des réactions pour tuer les microbes et éliminer les cellules malades.

"Les bactéries combattent le feu par le feu"

En manipulant les bactéries pour produire moins de peroxyde d’hydrogène chez les animaux, les chercheurs ont observé qu’elles étaient incapables de désactiver les inflammazones. Ainsi, les souris ont eu une réaction inflammatoire plus rapide, ce qui leur a permet d’éliminer les bactéries de leurs poumons plus efficacement. 

Ils ont également découvert qu’en leur inoculant de la catalase, une enzyme spéciale qui décompose le peroxyde d’oxygène, il serait possible d’augmenter l’inflammation et ses symptômes, permettant ainsi d’éliminer les pneumocoques plus rapidement des poumons.

"En utilisant du peroxyde d'hydrogène pour vaincre le système immunitaire, on pourrait dire que les bactéries combattent le feu par le feu. Le corps lui-même produit également du peroxyde d'hydrogène comme défense contre les bactéries. Par conséquent, il était surprenant de constater que de nombreux types de bactéries utilisent en fait la même substance pour surmonter les défenses du corps", note Nelson Gekara, qui a conduit l’étude

L’inflammation permet de défendre le système immunitaire des microbes

"L'inflammation a souvent une connotation négative. Cependant, pour le corps, l'inflammation est un processus important dans la défense du système immunitaire contre les microbes attaquants. La plupart des microbes produisent du peroxyde d'hydrogène à des degrés divers. Nos études démontrent que le peroxyde d'hydrogène est un inhibiteur d'un composant important de la machinerie inflammatoire, ce qui suggère que le mécanisme que nous avons découvert est une stratégie commune employée par de nombreux microbes pour se développer en nous", commente quant à lui Saskia Erttmann, auteur principal de l’étude.

A travers le monde, la pneumonie affecte surtout les enfants, qui peuvent en mourir, surtout en Asie du Sud et en Afrique subsharienne. En 2013, 15% des décès des moins de cinq ans ont été provoqués par cette maladie respiratoire, ce qui en fait la première cause infectieuse de mortalité de l’enfant à échelle mondiale.  

Un fruit par jour

Aussi, d’après la Coalition mondiale contre la pneumonie de l’enfant, il faudrait élargir la vaccination contre les quatre agents infectieux le plus souvent reponsables de la maladie (outre Streptococcus pneumoniae, la bactérie Haemophilus influenzae type b (Hib), le virus respiratoire syncytial et le Pneumocystis jirovec, peuvent également être en cause), utiliser des techniques pour traiter les niveaux bas d’oxygène et faciliter l’accès aux traitements antibiotiques dans des pays pauvres. Il serait également opportun de lutter contre les facteurs environnementaux tels que la pollution de l’air ou encore le tabagisme passif et d’assurer une bonne alimentation aux enfants afin de renforcer leurs défenses naturelles.

En conclusion de leur étude, les chercheurs rappellent d’ailleurs que la vitamine C, présente dans les fruits, est très efficace pour neutraliser le peroxyde d’hydrogène et donc renforcer l’immunité antibactérienne. Le vieil adage "une pomme par jour éloigne le médecin" prend donc ici toute sa valeur.

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