Incroyable mais vrai. Alors qu’elle était en état de mort cérébrale depuis 117 jours, une Tchèque de 27 ans a accouché d’une petite fille en août. L’enfant est en exceptionnellement bonne santé étant donné les conditions tragiques de sa naissance, a annoncé l’équipe médicale lundi 2 septembre.
En 2016, Eva Votavova est diagnostiquée comme souffrant d’une malformation artério-veineuse du cerveau. Le 21 avril 2019, elle est retrouvée inconsciente à son domicile, enceinte de 16 semaines. Après une importante hémorragie cérébrale, "elle a cessé de respirer dans la soirée puis (...) a été déclarée en état de mort cérébrale", explique lors d’une conférence de presse Roman Gal, anesthésiste en chef à l'Hôpital universitaire de Brno, deuxième ville de la République tchèque.
Alors que la jeune femme est à l’hôpital, les médecins maintiennent ses organes en fonction, se concentrant sur son cœur, ses poumons et ses reins, tout en surveillant la croissance du fœtus. Un thérapeute bouge les jambes de la maman pour stimuler la marche et les infirmières parlent au bébé en route tandis que sa grand-mère lui lit des histoires.
La maman débranchée juste après la naissance
Une centaine de jours plus tard, l’enfant vient au monde, prématuré d’environ un mois. C’est une fille, elle mesure 41 cm et pèse 2,13 kgs. Son père l'appelle Eliska. "Il s'agit du poids et de la maturité du fœtus parmi les plus élevés obtenus pour un bébé né d'une mère en état de mort cérébrale selon les données mondiales", se félicite M. Gal.
Quelques heures après la naissance de l’enfant, le système qui maintenait la maman en vie est débranché. Eliska reste ensuite deux semaines à l’hôpital puis son père la ramène à la maison où elle rencontre son grand frère. Elle est désormais nourrie au sein par sa grande tante paternelle.
Aussi incroyable cette histoire soit-elle, ce genre d'évènements arrive. Et c’est possible car, "le cerveau est mort, mais le corps n'est pas mort (…) Il assure les fonctions vitales indispensables au fœtus", affirme le professeur Israël Nisand, chef du service gynécologique des hôpitaux de Strasbourg à RTL.
Des conséquences incertaines
Toutefois, quand il n’y a pas de contact entre la mère et l’enfant, si la naissance de ce dernier peut avoir lieu, "on est incapable de dire quelles seront les conséquences", ajoute-t-il, impressionné du bon état de santé d'Eliska à sa naissance étant donné les conditions.
Cette histoire rappelle de loin celle de Marlise Munoz, enceinte de 16 semaines elle-aussi, quand elle avait été victime d’une embolie pulmonaire au Texas (Etats-Unis). A l’époque du drame, en 2014, son histoire avait enflammé l’Amérique. En effet, alors que les médecins assuraient que le fœtus n’était pas viable et que ses proches voulaient les laisser tous deux mourir en paix, la loi en vigueur l’interdisait.
En effet, une loi de l’Etat du Texas datant de 1999 et signée par le gouverneur et futur président américain Georges W. Bush établit que "nul ne peut arrêter ou suspendre un traitement de maintien en vie sur une patiente enceinte". Après des mois de bataille judiciaire, le mari avait finalement obtenu que l’on débranche la jeune femme. La famille avait alors salué la fin d’un "long et insupportable calvaire".