L’obésité est l’un des nombreux fléaux de notre société. A l’échelle de la planète, le nombre de cas a presque triplé depuis 1975. En 2016, plus de 650 millions d’adultes étaient obèses, soit 13% de la population mondiale, d’après les chiffres de l’OMS, une statistique qui inquiète cette organisation. Car l’obésité est liée à de nombreux problèmes de santé, allant des maladies cardiovasculaires comme l’hypertention, l’AVC ou les crises cardiaques au diabète de type 2 en passant par de nombreuses formes de cancer. Mais alors qu'avant les cancers associés à l’obésité (CAO) étaient surtout diagnostiqués chez les plus de 65 ans, ils apparaissent de plus en plus chez les personnes plus jeunes et certains groupes de populations. D’après une nouvelle étude parue le 14 août dans la revue JAMA Network Open, cette augmentation est surtout frappante chez les 50-54 ans, et particulièrement chez les personnes noires et/ou hispaniques.
Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs de la Case Western Reserve University ont analysé six millions de cancers recensés aux Etats-Unis entre 2000 et 2016 par la Surveillance épidémiologique et des résultats finaux (SEER), source officielle pour les statistiques américaines sur le cancer. Ils ont étudié le nombre de cas par type de cancer, en fonction de l’âge, du sexe et de la race. Ils ont ainsi pu remarquer que les CAO étaient considérablement plus élevés chez certaines populations. S’ils ont évolué chez les 20 à 49 ans, c'est chez les 50-54 ans qu’ils ont vraiment explosé : dans cette tranche d’âge le nombre de CAO ans a augmenté de 25% chez les femmes blanches non hispaniques et de près de 200% chez les femmes hispaniques.
Les CAO comprennent le cancer colorectal, du sein chez la femme, de l’utérus, des ovaires, de la vésicule biliaire et d’autres organes biliaires, de l’œsophage, de l’estomac, du foie et des canaux biliaires, du pancréas, du rein, de la thyroïde et du myélome multiple. Dans le détail, des plus fortes augmentations ont été observés concernant le cancer de l’utérus chez les femmes hispaniques et dans les cancers du foie et de la thyroïde dans tous les autres groupes.
Des cancers diagnostiqués trop tard
"Nous avons été frappés par l’évolution des cancers liés à l’obésité chez les 20 à 49 ans, mais plus particulièrement chez les 50 à 54 ans", note donc le Professeur Siran Koroukian qui a participé à l'étude. "Gardez à l’esprit que la population âgée de 50 à 54 ans a augmenté de près de 52% au cours de cette période, de sorte que le nombre absolu de personnes touchées par ces changements est considérable. Il est également remarquable que le pourcentage d’augmentation des cas de cancers liés à l’obésité était plus élevé chez les hommes et femmes noirs et/ou hispaniques", poursuit-elle.
Et d’ajouter : "Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer le stade au cours duquel ces cancers ont été diagnostiqués dans diverses populations. Malheureusement, les cancers diagnostiqués chez les personnes plus jeunes ont tendance à être détectés à des stades avancés de la maladie, ce qui contribue à un mauvais pronostic et à une mortalité prématuré".
Malgré tout, de nombreuses personnes âgées de 50 à 54 ans atteintes d’un CAO au cours de l’étude sont aujourd’hui encore en vie. Etant donné le fardeau financier des soins, il est probable que l’aide sociale Medicaid les couvre, avancent les chercheurs. Les cancers associés à l’obésité ont donc un impact sur la santé publique et les finances du pays.
Des jeunes de plus en plus gros partout dans le monde
Ainsi, les scientifiques espèrent que ces résultats ouvriront la voie à des interventions visant à ralentir le surpoids. Il est indispensable que les responsables de santé et les politiques déploient des efforts d’éducations de santé publique pour informer les citoyens des conséquences néfastes de l’obésité, insistent-ils.
Mais les Etats-Unis ne sont pas le seul pays concerné par ce problème. Partout dans le monde, les jeunes sont de plus en plus gros. Depuis 40 ans, le nombre d’enfants et d’adolescents (5 à 19 ans) obèses a été multiplié par 10. Si cette tendance se poursuit, d’ici 2022 le nombre des enfants et des adolescents obèses dépassera celui des jeunes en insuffisance pondérale modérée ou grave, selon une étude parue dans The Lancet en 2017.
En France, d’après une étude réalisée par la Direction des recherches, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) parue au mois d’aoûtsur le site du ministère de la Santé, 18% des élèves de troisième sont en surcharge pondérale et 5% sont obèses en France. Soit des résultats en hausse par rapport à la même enquête publiée en 2009.