C'est une maladie très gênante dans la vie quotidienne: les personnes qui souffrent d'allergie aux arachides (on estime leur nombre en France à 1% de la population) sont en permanence aux aguets dés qu'elles se trouvent en présence d'une nourriture d'origine inconnue ou incertaine pouvant dissimuler des traces de cet aliment, qu'il s'agisse de plats tout préparés ou servis au restaurant. Cette allergie provoque en effet des troubles graves pouvant aller jusqu'au choc anaphylactique qui peut entraîner la mort.
Les participants à un essai d'immunothérapie sublinguinale présenté dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology ont toléré entre 10 et 2O fois plus de protéines d'arachide qu'il ne leur en faudrait pour tomber malade. Et cela grâce à un traitement qui consiste à ingérer dans une quantité très petite au départ (environ 0,0002 mg) mais augmentant progressivement (jusqu'à 2 mg)... des protéines d'arachide placées sous la langue où elles sont immédiatement absorbées.
"Protéger les patients de petites expositions cachées"
67% des 48 patients qui ont suivi ce protocole durant 5 ans étaient à terme capables de tolérer au moins 750 mg de protéines d'arachide sans effets secondaires graves et 25% des patients pouvaient même tolérer jusqu'à 5 000 mg !
Ce traitement, précisent les chercheurs de l'université de Caroline du Nord, n'a pas pour objectif que "tous les enfants allergiques puissent manger des sandwiches au beurre d'arachide et à la gelée mais pourrait permettre de les protéger des petites expositions cachées qui pourraient se produire avec des aliments emballés ou au restaurant".
"Nous nous concentrons sur l'idée qu'il n'y a pas de traitement parfait pour les allergies alimentaires. Les médecins, les patients et les parents devront prendre des décisions sur le meilleur mode de traitement pour chaque personne allergique. Mais nous pensons que cette forme d'immunothérapie sublinguale pourrait être une bonne option pour un sous-ensemble de patients", précise Edwin Kim, professeur de médecine qui a mené cette recherche.
D'autres essais basés sur l'immunothérapie
D'autres méthodes basées sur l'immunothérapie ont également été testée pour les patients victimes d'allergie aux arachides. L'une d'elles implique un patch sur la peau qui libère une petite quantité de protéine d'arachide pour désensibiliser le système immunitaire. Une approche qui s'est avérée sûre en essai mais qui n'a pas donné des résultats aussi bons qu'attendus. Une seconde approche a consisté à faire ingérer par les patients durant plusieurs semaines une petite quantité de protéine d'arachide (de 0,5 mg à 300 mg) et de maintenir cet apport de 300 mg durant tout le reste de l'année. Cette méthode a eu une certaine efficacité dans la protection des patients contre les réactions allergiques, mais certains ont été victimes d'effets secondaires indésirables graves.