Fréquemment recommandé aux futures mères pour soulager les douleurs lors de leur grossesse car il n’entraîne aucun risque de malformation fœtale, le paracétamol n’est pour autant pas un médicament à prendre à la légère.
C’est ce que met en lumière une nouvelle étude menée par l’Université de Bristol, au Royaume-Uni, et publiée ce lundi 16 septembre dans la revue Paediatric and Perinatal Epidemiology. Selon ses auteurs, la prise de paracétamol pendant la grossesse serait liée à des troubles comportementaux chez les enfants, en particulier l’hyperactivité et le déficit d’attention.
Des troubles qui touchent davantage les garçons
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont suivi 14 000 enfants âgés de 6 mois à 11 ans dont les parents ont répondu à un questionnaire scolaire et ayant participé à l’étude Bristol’s Children of the 90’s.
Parmi les données recueillies, l’une a particulièrement retenu leur attention : lorsqu’elles étaient enceintes de 7 mois, 43% des mères de ces enfants ont déclaré avoir "parfois" ou plus souvent pris du paracétamol au cours des trois mois précédents.
Les chercheurs ont croisé cette donnée avec les résultats de tests de mémoire, de quotient intellectuel (QI) et de développement préscolaire, ainsi que les mesures du tempérament et du comportement des enfants.
Les garçons plus touchés que les filles
Ils ont alors constaté qu’il existait un lien entre la prise de paracétamol pendant la grossesse et le trouble du déficit de l’attention avec d'hyperactivité (TDAH), ainsi que d’autres problèmes comportementaux chez les jeunes enfants. Ces troubles semblent cependant disparaître lorsque les enfants atteignent la fin de l’école primaire. D’après les résultats, les garçons semblent par ailleurs être plus touchés que les filles par ces troubles du comportement.
"Nos résultats s'ajoutent à une série de résultats concernant les preuves des effets indésirables possibles de la prise de paracétamol pendant la grossesse, comme les problèmes d'asthme ou de comportement chez la progéniture. Il renforce le conseil selon lequel les femmes devraient être prudentes lorsqu'elles prennent des médicaments pendant la grossesse et consulter un médecin au besoin », explique ainsi la Pre Jean Golding Obe, auteure principale des travaux et fondatrice de l'étude Children of the 90s de l'Université de Bristol.
"Il est important que nos conclusions soient mises à l'épreuve dans d'autres études - nous n'étions pas en mesure de démontrer un lien de causalité, mais plutôt une association entre deux résultats", concède la chercheuse. "Il serait également utile maintenant d'évaluer si les enfants plus âgés et les adultes ne présentent pas de problèmes de comportement difficiles si leur mère avait pris du paracétamol."
Autisme et baisse de la fertilité
Il ne s’agit pas là de la première étude pointant les risques liés à la prise de paracétamol pendant la grossesse. Au printemps 2018, une étude publiée dans l’American Journal of Epidemiology montrait que la prise prolongée de paracétamol pendant la grossesse augmentait de 30% le risque de trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et de 20% celui de troubles du spectre de l’autisme (TSA) par rapport aux femmes n’ayant pas pris cet antalgique quand elles étaient enceintes.
Une autre, réalisée à la même période par l’Université d’Édimbourg, en Écosse, révélait que la prise d’antidouleurs courants comme le paracétamol et l’ibuprofène pendant la grossesse pourrait altérer la santé reproductive du fœtus.
En revanche, une récente et vaste étude suédoise a indiqué que la prise de paracétamol pendant la grossesse n'était pas responsable de l'augmentation du risque d'asthme chez les enfants.