L’évaluation de l’état de santé du cristallin pourrait-elle permettre aux patients s’ils sont susceptibles de développer une intolérance au glucose (connue sous le nom de prédiabète) et un diabète de type 2 et ce, avant même l’apparition d’autres symptômes ?
C’est ce qu’avancent de nouvelles recherches présentées par l’Université d'Exeter Medical School, au Royaume-Uni, lors de la réunion annuelle de l'Association européenne pour l'étude du diabète (EASD) qui se déroule actuellement à Barcelone.
Selon leurs auteurs, la réalisation d’un examen pour mesurer le niveau d’autofluorescence du cristallin de l’œil permettrait de prédire les patients qui seront atteints de prédiabète et de diabète de type 2.
S’ils s’avèrent concluants, les résultats de cette nouvelle étude pourraient s’avérer précieux pour poser un diagnostic précoce de diabète de type 2 et ainsi éviter des complications telles que la rétinopathie diabétique, une lésion du nerf oculaire liée à une hyperglycémie chronique, c’est-à-dire une élévation prolongée du sucre dans le sang. D’autres recherches ont ainsi montré qu’il pouvait s’écouler jusqu’à dix ans entre l’apparition du diabète de type 2 et son diagnostic, ce qui accroît le risque de développer une rétinopathie : après 15 ans d’évolution du diabète, celle-ci touche plus de 50% des patients atteints de diabète de type 2.
Une augmentation des niveaux d’AGE
Pour les besoins de leurs recherches, les chercheurs ont utilisé un biomicroscope capable de détecter les produits de glycation avancés (AGE) dans l'œil par un simple balayage. Ce biomicroscope focalise un faisceau de lumière bleue sur le cristallin de manière non invasive et mesure l'autoflorescence dans la lumière verte réfléchie, ce qui fournit une mesure du niveau d'AGE.
Les chercheurs ont fait mesurer l’autofluorescence du cristallin de 20 personnes atteintes de diabète de type 2, de 20 personnes en situation de prédiabète et de 20 sujets témoins en bonne santé.
L'étude a révélé une augmentation significative des niveaux d'AGE dans les yeux des personnes atteintes de diabète de type 2. Elle a aussi montré une augmentation des niveaux d’AGE chez les patients en situation de prédiabète.
Un test fiable pour prédire les risques futurs de diabète
Selon les auteurs de l’étude, ces résultats signifient que l’examen du cristallin pourrait être un moyen fiable de mesurer le nombre de personnes susceptibles de développer le diabète à l'avenir.
"L'autofluorescence du cristallin pourrait être un marqueur fiable du contrôle à long terme du diabète, permettant de prédire les risques de complications futures. Cela confirme la faisabilité de l'autofluorescence non invasive des cristallins pour le dépistage du diabète de type 2 non diagnostiqué et du prédiabète chez les sujets", analyse ainsi le Dr Mitra Tavakoli, qui a dirigé les travaux.
"Bien qu'il s'agisse d'une étude pilote, il s'agit d'un nouvel outil prometteur pour la détection précoce et la surveillance du traitement des patients. Il pourrait améliorer la vie des personnes atteintes de diabète de type 2 en réduisant les complications. Cependant, des études cliniques de plus grande envergure et à long terme sont nécessaires pour confirmer ces résultats", conclut-il.