"Révolutionner" l'ablation des tumeurs : c'est l'ambition d'un groupe de chercheurs de l'université de Waterloo, en Ontario, au Canada. Constituée d'étudiants, d'un post-doctorant, d'oncologistes, d'un pathologiste et d'un professeur, l'équipe a développé une nouvelle technique d'imagerie médicale pour localiser avec précision les bords des tumeurs pendant les chirurgies visant à les retirer. Objectif : parvenir à enlever la totalité du tissu malin dès la première opération pour ne pas avoir à procéder à une seconde.
Le système mis au point repose sur l'utilisation de lasers et la manière dont leur lumière interagit avec les tissus sains et cancéreux, pour les distinguer en temps réel. Le tout sans contact physique. "La méthode sans contact évite des complications additionnelles comme le risque accru d'infection, et évite un processus de stérilisation pré et postopératoire couteux", expliquent les chercheurs dans l'article publié par la revue britannique Scientific reports.
"Le chirurgien sera capable de voir exactement quoi retirer et en quelle quantité"
"C'est le futur ; il s'agit d'un grand pas vers notre but ultime de révolutionner l'oncologie chirurgicale, assure Parsin Haji Reza, professeur d'ingénierie de la conception des systèmes, à la tête du projet. En peropératoire, pendant l'opération, le chirurgien sera capable de voir exactement quoi retirer et en quelle quantité ".
Pour l'heure, les médecins bénéficient seulement d'une visibilité en préopératoire, avec l'IRM (imagerie par résonance magnétique) et la tomodensitométrie. Après l'opération, des échantillons de tissus sont étudiés au laboratoire, qui détermine deux semaines plus tard si la tumeur a complètement été retirée. Conséquence : "dans près de 10% des cas – les taux pour les différents types de cancer impliquant des tumeurs varient largement – du tissu cancéreux a été manqué et une seconde opération est nécessaire pour le retirer", peut-on lire dans l'article publié sur le site de l'université de Waterloo.
Un système potentiellement opérationnel d'ici 2021
Le procédé développé par les chercheurs a déjà été utilisé pour produire des images précises d'échantillons de tissus humains bruts, même relativement épais. Plusieurs étapes attendent désormais l'équipe : l'imagerie de nouveaux échantillons prélevés pendant des chirurgies, l'intégration de la technologie développée au sein d'un microscope chirurgical, puis l'utilisation du système sur des patients au cours d'opérations. Viennent ensuite la nécessité de lever les obstacles éthiques et d'obtenir toutes les approbations réglementaires.
Au final, les chercheurs espèrent développer un système totalement opérationnel d'ici deux ans. "Cela va avoir un impact considérable sur l'aspect économique des soins de santé, ce sera formidable pour les patients et donnera aux cliniciens un nouvel outil remarquable, estime Haji Reza, le directeur de PhotoMedicine Labs, à l'université de Waterloo. Cela économisera beaucoup de temps, d'argent et d'anxiété".