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Virus

Un traitement expérimental pourrait enfin éradiquer le rhume

Par Johanna Hébert

Même si le rhume n’est pas une maladie grave, ses symptômes ne sont pas agréables. Des chercheurs américains ont mis au point un traitement expérimental, qui pourrait y mettre fin. L’étude est publiée dans Nature Microbiology.

BartekSzewczyk / istock

Vous commencez à être enrhumé ? Vous savez ce qui vous attend. Maux de tête et de gorge, nez bouché, toux… Même s’il s’agit d’une maladie bénigne, le rhume est gênant. Chacun sa manière de l’affronter: attendre que ça passe, remèdes de grand-mère ou encore médicaments anti-rhume. Mais ces derniers augmentent les risques d’accidents cardiovasculaires.

En réalité, il n’existe pas de réel traitement efficace pour faire disparaître le rhume, une maladie due à des virus. Des chercheurs américains, de l’université de San Francisco, en Californie, ont fait un pas en avant. Ils ont mis au point un traitement expérimental, présenté dans la revue Nature Microbiology.

Cibler une protéine pour empêcher la reproduction des virus

S’il est si difficile de mettre au point un traitement efficace contre le rhume, c’est parce qu’il est causé par une multitude de virus. Ces derniers mutent facilement et deviennent résistants aux médicaments. L’équipe de recherche, elle, n’a pas cherché à attaquer directement les virus, mais une protéine responsable de leur reproduction (méthyltransférase SETD3). Les chercheurs appellent ce moyen "la thérapie dirigée par l’hôte".

Ainsi, l’équipe de recherche a utilisé l’édition génétique pour désactiver des cellules une à une. Ensuite, ces cellules génétiquement modifiées ont été exposées à une gamme d’entérovirus, comprenant les rhinovirus qui causent le rhume mais également des virus plus dangereux (liés à la poliomyélite, ils peuvent causer la paralysie). Les chercheurs ont constaté qu’aucun virus n’était capable de se répliquer à l’intérieur des cellules dont la protéine avait été désactivée.

Vers une modification génétique pour tous ?

Après ces résultats encourageants, les chercheurs ont créé des souris génétiquement modifiées, incapables de produire cette protéine. "L’absence de ce gène protégeait complètement les souris de l’infection virale", explique le professeur Jan Carette, l’un des auteurs de l’étude.

Devrons-nous donc, dans le futur, être génétiquement modifiés pour éviter de passer par la case "rhume" chaque hiver ? À ce sujet, les chercheurs veulent rassurer. Pour eux il s’agit de "trouver un médicament capable de supprimer temporairement la protéine (…). On s’intéresse de plus en plus à la mise au point des traitements ciblant ces protéines hôtes, car elles peuvent potentiellement surmonter la mutation virale, l’un des principaux obstacles au développement d’antiviraux efficaces et largement actifs."  

D’autres recherches seront menées pour comprendre le rôle exact de la protéine dans la multiplication des virus. Si un jour un traitement efficace est trouvé, il sera surtout destiné aux patients asthmatiques et souffrant de problèmes respiratoires, selon les chercheurs. Pour eux, un simple rhume peut entrainer de nombreuses complications.