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Oncologie

Cancer de la prostate : un nouveau médicament « 20 fois plus puissant » découvert

Par Charlotte Arce

Des chercheurs de l’Université de Bath viennent de mettre au point une nouvelle famille de médicaments capable d’inhiber l’activité d’une protéine associée au cancer de la prostate.

jarun011/iStock

Avec 50 403 nouveaux cas de cancer de la prostate en 2015 en France métropolitaine et 8 207 décès estimés en 2017, le cancer de la prostate est le plus fréquent chez les hommes de plus de 50 ans.

Si le taux d’incidence du cancer de la prostate a diminué de 6% par an en moyenne entre 2005 et 2009, de même que le taux de mortalité (-4% par an en moyenne sur la même période), le cancer de la prostate reste encore, à l’heure actuelle, au 3e rang des décès par cancer chez l’homme. D’où l’importance de mettre au point de nouvelles thérapies, plus efficaces et capables de cibler les cellules cancéreuses agressives.

Voilà pourquoi cette nouvelle étude, menée par des chercheurs de l’Université de Bath, en Angleterre, est prometteuse. Publiée dans la revue Bioorganic Chemistry, elle met en lumière l’efficacité d’une nouvelle famille de médicaments capable d’inhiber la protéine α-methylacyl-CoA racemase (AMACR). Les niveaux de la protéine AMACR et de son activité sont multipliés par 10 dans tous les cancers de la prostate, ainsi que dans un certain nombre d'autres cancers.

Un traitement jusqu’à 20 fois plus efficace

Jusqu'à récemment, les chercheurs avaient des difficultés à mesurer avec précision l'activité de l'AMACR et donc de déterminer l'efficacité des médicaments conçus pour réduire son activité. En y parvenant dans le cadre de cette nouvelle étude, les auteurs ont constaté qu’une réduction des taux d'AMACR dans les cellules cancéreuses de la prostate les rendait moins agressives. Selon eux, la nouvelle famille de médicaments qu’ils ont mise au point est jusqu’à 20 fois plus efficace que des médicaments déjà présents sur le marché. "Cette étude est vraiment importante parce qu'elle fournit des informations détaillées sur la structure de ces médicaments et une base rationnelle pour comprendre leur comportement. Cela signifie que nous avons des avenues très prometteuses à explorer alors que nous travaillons au développement de nouveaux traitements contre le cancer de la prostate et d'autres cancers où l'AMACR est impliqué", explique ainsi le Dr Matthew Lloyd, auteur principal de l’étude.

"Il a été démontré que la protéine AMACR est présente en plus grande quantité dans les cellules cancéreuses agressives de la prostate, et ce groupe de recherche a mis au point avec succès une technique pour trouver la protéine et surveiller son activité", poursuit Simon Grieveson, responsable du financement de la recherche chez Prostate Cancer UK. "De plus, ils ont maintenant trouvé certains composés qui peuvent cibler l'activité de cette protéine en laboratoire et arrêter les cellules cancéreuses dans leur course".

Pas encore d’études cliniques prévues

Les chercheurs précisent cependant que les travaux concernant l’inhibition de l’AMACR n’en sont qu’à leur balbutiements et n’ont pas encore fait l’objet d’étude cliniques. "Mais c'est certainement prometteur et nous avons hâte de voir comment cette recherche progressera au cours des prochaines années", conclut Simon Grieveson.