Difficile de se protéger contre la dengue. Transmise par la piqûre d’un moustique diurne du genre Aedes aegypti – et parfois Ades albopictus – cette maladie infectieuse est présente dans toutes les régions tropicales du monde. S'il est possible de traiter la douleur et la fièvre qu'elle provoque, il n'existe pas de traitement curatif.
À ce jour, un seul vaccin a été mis au point – Dengvaxia, lancé en 2016 par Sanofi Pasteur – mais il connaît une série de déboires, et son utilisation est déconseillée chez les personnes n'ayant aucun antécédent d'infection par le virus responsable de la dengue. Dans une étude publiée le 19 septembre dans la revue américaine PLOS Pathogens, une douzaine de chercheurs exerçant à Singapour se sont penchés sur son mécanisme. Leurs travaux portent sur DENV2, l'un des quatre sérotypes – étroitement apparentés – du virus.
Différentes morphologies pour échapper au système immunitaire humain
Les scientifiques ont trouvé que, de par ses différentes propriétés antigéniques, le sérotype 2 du virus possède différentes morphologies, qui lui permettent d'échapper au système immunitaire humain. Effectivement, DENV2 présente des particules de surface sphérique et lisse qui se développent à la température physiologique du moustique, soit 29 °C. Une fois à la température physiologique humaine de 37 °, les particules adoptent une surface irrégulière.
Résultat : les modifications structurelles du sérotype 2 peuvent rendre les vaccins et les produits thérapeutiques inefficaces contre le virus.
Donner "une nouvelle direction au développement des vaccins"
"Notre étude donne une nouvelle direction au développement des vaccins et des traitements de la dengue, estime le Professeur Sheemei Lok, l'un des chercheurs de l'équipe. Pour la prévention de la maladie au travers de vaccins administrés au patient avant l'infection par la dengue, nous devrions utiliser ceux qui sont efficaces contre la surface lisse du virus. Lorsqu'il s'agit de patients présentant des symptômes de la fièvre, des stratégies de traitement efficaces contre la surface irrégulière des particules devraient être mises en œuvre".
Si les scientifiques parlent d'un "premier pas" vers une meilleure vision de la manière dont DENV2 réagit et s'adapte aux défenses immunologiques de l'hôte, ils prévoient désormais d'étudier les autres sérotypes du virus afin de découvrir s'il existe d'autres changements structurels.
Près de 390 millions de cas de dengue recensés chaque année
D'après l'OMS, près de 390 millions de cas de dengue sont recensés chaque année, dont 96 millions présentent des manifestations cliniques. Plus largement, 3,9 milliards de personnes réparties en 128 pays seraient exposées à l'infection. Si celle-ci provoque un syndrome de type grippal, elle peut évoluer vers des complications potentiellement mortelles : la dengue sévère.
Cette dernière constitue l'une des grandes causes de maladie grave et de mortalité infantile dans certains pays d'Amérique latine et d'Asie. Tous les ans, 500 000 personnes en seraient atteintes ; la dengue sévère est mortelle pour 2,5% d'entre elles.
Lundi 23 septembre, en France, un cas de dengue autochtone a été signalé par la Préfecture de la région Auvergne Rhône-Alpes et l’Agence régionale de santé Auvergne Rhône-Alpes. Il s'agit du premier cas autochtone connu dans la région.