Et si l'on pouvait vacciner des enfants sans leur imposer la douleur d'un piqûre ? Une étude menée par des chercheurs de l'Université de Rochester a montré qu'un timbre de vaccin antigrippal sans aiguille stimule le système immunitaire de façon efficace et sécuritaire. Un travail qui ouvre des perspectives intéressantes quand on sait que, selon un étude canadienne, la crainte de la piqûre serait à l'origine du fait que 7% des enfants ne reçoivent pas les vaccins recommandés.
Cependant, la mise au point de la vaccination sans aiguille prendra un certain temps. La recherche en est encore à ses débuts, mais les résultats préliminaires sont prometteurs. Selon Benjamin L Miller, auteur correspondant et professeur de dermatologie à l'université de Rochester, "ce timbre surmonte de nombreux défis auxquels font face les micro-aiguilles pour l'administration des vaccins".
La piste de la maladie de peau
La peau est conçue comme une barrière efficace contre les toxines et les allergènes. C'est la première ligne de défense de l'organisme, ce qui pose problème aux scientifiques qui tentent de mettre au point un vaccin sans aiguille. La peau empêche les allergènes et les toxines d'entrer. Par conséquent, il est difficile de faire entrer les protéines du vaccin antigrippal à l'intérieur de l'organisme. Les chercheurs ont cependant trouvé une solution jusque-là improbable : la maladie de la peau.
L'efficacité de la barrière cutanée est réduite chez les patients atteints d'eczéma ou de dermatite atopique. Le pollen, les moisissures et les allergènes pénètrent ainsi facilement dans l'organisme, où leur présence est détectée par le système immunitaire. Ce qui fait que la peau agit comme une barrière efficace est une protéine appelée Claudin 1, qui est réduite chez les personnes atteintes d'eczéma, ce qui rend leur peau plus perméable. Les chercheurs ont se sont appuyés sur phénomène pour reproduire cette perméabilité et faire passer le virus du vaccin contre la grippe à travers la peau. Ils ont dû perturber les défenses cutanées assez longtemps pour faire entrer le virus du vaccin, mais pas assez longtemps pour permettre à d'autres allergènes de passer.
Pour y parvenir, ils ont développé des peptides synthétiques (molécules biologiques naturelles) qui s'accrochent à Claudin 1 et inhibent sa fonction, réduisant ainsi l'efficacité de la barrière cutanée. Après des tests sur des cellules cutanées humaines, ils ont trouvé un peptide qui pouvait ouvrir la voie à travers la barrière cutanée sans aucun effet secondaire indésirable.
Le timbre pourrait compléter l'immunité existante
Pour tester son nouveau dispositif, l'équipe l'a utilisé sur des souris sur lesquelles elle a placé ce timbre contenant le peptide synthétique et un vaccin recombinant pour "amorcer" leur système immunitaire puis elle leur a administré par injection intramusculaire un vaccin contre la grippe. Ensuite, elle a inversé la procédure, administrant le vaccin contre la grippe intramusculaire avant de placer le timbre
Dans le premier scénario, les souris n'ont pas montré de réponse immunitaire significative. Cela suggère que le timbre ne serait pas efficace s'il était administré à un nourrisson qui n'avait jamais reçu de vaccin antigrippal auparavant. Mais les souris qui ont reçu le timbre après l'injection intramusculaire ont bien réagi, ce qui suggère que le timbre pourrait compléter l'immunité existante chez des bébés de six mois ou plus. De plus, les souris n'ont présenté aucun changement cutané au cours de la période de trois mois de leur observation, ce qui signifie qu'il n'y avait aucun risque supplémentaire d'infection causée par une perturbation induite de la barrière cutanée.