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Maladies de l'intestin: les enfants touchés plus vulnérables mentalement ?

Par Raphaëlle de Tappie

D'après une nouvelle étude suédoise, les enfants atteints de maladie inflammatoire chronique de l'intestin seraient plus susceptibles de développer des troubles mentaux ou de faire des tentatives de suicide à l'âge adulte. 

ka2shka/iStock

On dit souvent que l’intestin est notre deuxième cerveau. En 2017, la jeune médecin allemande Giulia Endersen avait même fait un livre, intitulé Les Charmes discrets de l’intestin. Dans cet ouvrage devenu best-seller, elle expliquait que l’intestin était la clé de toutes sortes de problèmes allant de la dépression au surpoids en passant par Parkinson et les allergies. Aujourd’hui, une étude suédoise parue dans la revue JAMA Pediatrics semble encore aller en ce sens. D’après les chercheurs, les enfants souffrant de la maladie de Crohn ou de rectocolite hémorragique, les deux principales Maladies Inflammatoires Chroniques l’Intestin (MICI), auraient plus de risque de développer des problèmes psychiatriques tels que la dépression, l’anxiété, des troubles de l’alimentation ou encore de la personnalité. A l'âge adulte, les tentatives de suicide seraient également plus élevés chez ces sujets là. 

Au cours de leur étude, les Dr Agnieszka Butwicka et Jonas Ludvigsson de l’Institut Karolinska de Stockholm (Suède) ont suivi pendant 9 ans en moyenne 6 400 enfants nés entre 1973 et 2013, atteints d’une maladie inflammatoire de l’intestin. Au cours de la période de l’étude, 17% des sujets ont fait l’objet d’un diagnostic psychiatrique (dépression, l'anxiété, troubles de l'alimentation, de la personnalité, de l’attention et du spectre de l’autisme), contre environ 10 % de leurs frères et sœurs et un peu moins de 12% des sujets en bonne santé.  

Ainsi donc, le risque de troubles psychiatriques était 1,6 fois plus élevé chez les enfants atteints de maladies inflammatoires chronique de l’intestin, notent les chercheurs. Selon eux, le risque de problème de santé mentale était encore plus élevé au cours de la première année de la maladie intestinale. Le risque était particulièrement important pour les petits diagnostiqués d’une MICI avant 6 ans et pour les enfants de parents atteints de troubles psychiatriques. Autre observation intéressante : chez les malades de l’intestin, les chercheurs ont également remarqué un risque plus élevé de tentative de suicide à l’âge adulte.  

Proposer une aide spéciale aux enfants qui tombent malades à un jeune âge

"Cette étude observationnelle n’établit pas avec certitude un lien de cause à effet. Cependant, les résultats indiquent que les maladies inflammatoires de l’intestin peuvent contribuer à la survenue de problèmes mentaux", poursuivent les chercheurs.

"Comme le risque pour ces enfants est plus élevé que pour leurs propres frères et sœurs, il est probable que les MICI affectent leur santé mentale plutôt que d'autres facteurs comme la socio-économie, le mode de vie ou l'hérédité dans la famille", poursuit le Dr Jonas F. Ludvigsson.

En conclusion, "l'étude montre que les enfants atteints de MICI et leurs parents ont besoin d'un soutien psychologique et d'un suivi plus long". "Une aide spéciale pourrait être offerte aux enfants qui tombent malades à un jeune âge et aux enfants dont les parents ont des problèmes de santé mentale", note le Dr Agnieszka Butwicka.

Des maladies le plus souvent diagnostiquées chez les jeunes adultes

D’après l’INSERM, ces affections inflammatoires chroniques de l’intestin seraient plus souvent diagnostiquées chez des personnes jeunes, de 20 à 30 ans. Elles peuvent toutefois survenir à tout âge.

En France, environ 80 000 personnes seraient atteintes de rectocolite hémorragique (RCH). Cette maladie peut atteindre le rectum et le côlon (gros intestin) et évoluer sous forme de poussées (alternance de phases d’activité et de rémission). Outre les symptômes intestinaux douloureux dont souffrent les malades, ces derniers peuvent connaître un rhumatisme articulaire, des lésions cutanées ou encore une inflammation des structures internes de l’œil. 

A l’heure actuelle, la RCH se reconnaît plus facilement que sa voisine Crohn, qui, elle, met beaucoup de temps à se diagnostiquer en raison du manque de symptômes spécifiques. Très handicapante, Crohn, qui affecterait aujourd'hui officiellement 120 000 personnes en France, se caractérise par une diarrhée parfois abondante et liquide, avec éventuellement une perte de sang et du mucus ou du pus dans les selles. Cette diarrhée s’accompagne le plus souvent de terribles douleurs abdominales. Quand l'anus est atteint, des fissures, des abcès et des fistules peuvent survenir. Le malade peut aussi se plaindre de fièvre, d’un amaigrissement et d’une grande fatigue.