Nouvel espoir dans la lutte contre le diabète de type 2, fléau des sociétés occidentales de plus en plus sédentaires. Alors que l’on vient d’apprendre que le nombre de personnes atteintes de diabète était légèrement en recul en France, une nouvelle étude menée par l’Université de Cambridge (Royaume-Uni) apporte elle-aussi de bonnes nouvelles par rapport à cette maladie qui se caractérise par un taux anormalement élevé et chronique de sucre dans le sang (hyperglycémie) et toucherait une personne sur onze dans le monde.
D’après l'article paru début septembre dans la revue spécialisée Diabetic médecine, les personnes parvenant à perdre 10% ou plus de leur poids au cours des cinq premières années suivant leur diagnostic de diabète de type 2 auraient plus de chances d’en guérir. Ainsi, il serait possible de venir à bout de la maladie sans changer radicalement son mode de vie ou suivre un régime extrêmement contraignant.
L'impact d'une perte de poids moins radicale
Il a déjà été prouvé qu’un régime hypocalorique intensif comprenant un apport quotidien total de 700 calories (moins d’un cheeseburger) pendant 8 semaines entraînait une rémission chez près de neuf personnes sur dix ayant récemment été diagnostiquées avec du diabète de type 2 et chez la moitié de celles souffrant de maladies chroniques. Toutefois, un tel régime paraît difficilement réalisable par l’ensemble des malades. C’est pourquoi, les chercheurs ont ici voulu tester l’impact d’une perte de poids moins radicale sur le diabète de type 2.
Ils ont donc suivi 867 personnes atteintes de diabète nouvellement diagnostiquées, âgées de 40 et 69 ans et ont pu constater que 257 participants (30 %) étaient en rémission après cinq ans. Dans le détail, ceux qui avaient perdu 10 % ou plus de poids au cours des cinq premières années suivant leur diagnostic avaient deux fois plus de chances d'être en rémission que les autres.
"Plus motivant et donc plus réalisable" pour beaucoup de gens
"Nous savons depuis un certain temps qu'il est possible d'enregistrer une rémission dans le diabète en utilisant des mesures assez drastiques telles que des programmes intensifs de perte de poids et des restrictions caloriques extrême", explique le Dr Hajira Dambha-Miller du Département de la santé publique et des soins primaires. "Ces interventions peuvent être très difficiles à réaliser. Mais, nos résultats suggèrent qu'il est possible de se débarrasser du diabète, pendant au moins cinq ans, avec une perte de poids plus modeste de 10%. Ce sera plus motivant et donc plus réalisable pour beaucoup de gens", se félicite-t-il.
"Cela renforce l'importance de gérer son poids, objectif qui peut être atteint par des changements dans l'alimentation et une augmentation de l'activité physique. Le diabète de type 2, bien qu'étant une maladie chronique, peut entraîner d'importantes complications, mais comme le montre notre étude, il peut être contrôlé et même inversé", renchérit le professeur Simon Griffin, de l'Unité d'épidémiologie du Conseil pour la Recherche Médicale et auteur principal de l’étude.
Afin d’aller de réussir à mieux aider les patients de diabète de type 2 à perdre du poids de manière continue, les chercheurs étudient actuellement le programme d’éducation actuellement offert par le National Institute for Health Research aux personnes après leur diagnostic avec celui proposé par WW (ancien Weight Watchers). Les scientifiques veulent recruter des patients ayant été diagnostiqués avec un diabète de type 2 au cours des trois dernières années, n’ayant suivi aucun programme d’éducation structuré et pouvant se rendre dans un centre de dépistage de Wisbech, Ely ou à l'hôpital d'Addenbrooke, en Angleterre. Si cela vous intéresse, rendez-vous sur le site web de l’étude, intitulée GLoW (Glucose Lowering through Weight management) pour plus de détails.
Une maladie qui touche de plus en plus de personnes dans le monde
A l’heure actuelle, de nombreux chercheurs travaillent à essayer de réduire le diabète de type 2, qui gagne de l’ampleur à échelle mondiale en raison d’un mode de vie de plus en plus sédentarisé, de l’augmentation globale du surpoids et de l’obésité et du vieillissement de la population. Car, comme l'explique le professeur Simon Griffin, cette maladie, qui touche 400 millions de personnes dans le monde, n’est pas sans risques. Elle est associée à un risque de maladie cardiaque, d’accident vasculaire cérébral, de cécité et même d'amputation.
En France, 90 % des diabétiques sont concernés par cette maladie insidieuse. Toutefois, selon une étude présentée le 18 septembre par Santé Publique France lors du congrès annuel de l’Association européenne pour l’étude du diabète, on observe un aujourd’hui un léger recul du nombre de nouveaux cas de diabète diagnostiqués chaque année en France entre 2010 et 2017.
Dans le détail, en 2017, 9,7 hommes de plus de 45 ans sur 1 000 étaient touchés par le diabète alors que 11 hommes de plus de 45 sur 1 000 étaient devenus diabétiques en 2010. Ce taux d’incidence a également baissé chez les Françaises de plus de 45 ans, passant de 7,6 à 6,2 sur la même période. Ces chiffres sont toutefois à relativiser, car les taux de prévalence, c’est-à-dire du nombre total de personnes touchées par le diabète en France, sont toujours en augmentation. Ainsi, en 2017, 3,1 millions de Français âgés de plus de 45 ans souffraient d'un diabète de type 2, soit 12,1% des hommes et 8,4% des femmes, contre 11,5% et 7,9% respectivement en 2010. Selon les chercheurs, cette hausse des taux de prévalence peut s’expliquer car les personnes diabétiques reçoivent aujourd’hui de meilleurs traitements et ont donc une plus longue espérance de vie.