Il ne s'agit pas d'un scénario de science-fiction : Hexoskin existe bel et bien. En captant la manière dont le tissu se tend lorsque la poitrine de son porteur se gonfle et se contracte, ce t-shirt intelligent parvient à jauger le volume d’air inspiré et expiré. Également capable d’enregistrer le rythme cardiaque, le vêtement peut mesurer avec précision la fonction pulmonaire de celui qui le porte.
"Les t-shirts intelligents sont déjà disponibles, mais ils ont tendance à être utilisés par des sportifs professionnels ou amateurs. Nous voulions voir si un t-shirt intelligent pouvait fournir une alternative précise et plus pratique pour mesurer la fonction pulmonaire", a expliqué Denise Mannée, chercheuse au sein du Centre médical de l'Université Radboud (Pays-Bas), lors de la présentation d’Hexoskin au congrès international de la Société européenne des maladies respiratoires (ERS). Il se déroule jusqu’au 2 octobre à Madrid, en Espagne.
Des mesures précises lors de la première utilisation du t-shirt
15 volontaires en bonne santé ont porté le t-shirt intelligent alors qu'ils s'adonnaient à des actions de la vie quotidienne, telles que se coucher, s'asseoir, se tenir debout, passer l'aspirateur et monter des marches. Si l'équipe de Denise Mannée mesurait leur respiration via une application connectée au vêtement, les volontaires portaient également l'équipement traditionnellement utilisé à cette fin, à savoir un masque facial et un sac à dos volumineux.
Résultat : les mesures étaient très similaires, avec néanmoins une différence moyenne de 0,2% lorsque les volontaires étaient allongés et de 3,1% lorsqu'ils passaient l'aspirateur. Autre bémol : les étalonnages de la première utilisation du t-shirt se sont révélés imprécis pour la seconde série de mesures, ce qui signifierait qu'Hexoskin nécessiterait d'être réajusté à chaque utilisation.
"Améliorer la qualité de vie des patients" souffrant d'une MPOC
Désormais, les chercheurs vont tester le t-shirt intelligent sur des patients présentant une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC). Si les essais se révèlaient fructueux, le vêtement pourrait permettre aux médecins de surveiller les patients à distance pour détecter des signes précoces de la dégradation de leur état.
"Nous voulons améliorer la qualité de vie des patients, a ainsi assuré Denise Mannée. Si nous pouvons surveiller avec précision leurs symptômes alors qu'ils vaquent à leurs activités habituelles, nous pourrions être capable de repérer les problèmes et de les traiter plus tôt, ce qui pourrait vouloir dire moins de temps passé à l'hôpital".
Un “outil prometteur, bien que relativement cher”
Les patients présentent des symptômes tels que la toux et l’essoufflement, qui apparaissent d’abord lors d’activités de la vie de tous les jours comme la montée de marches et les travaux ménagers. La MPOC peut être traitée, mais pas guérie. Elle se caractérise par une dégénérescence progressive des tissus pulmonaires ainsi qu’une obstruction partiellement réversible des voies respiratoires. D’après le Consortium national de formation en santé du Canada, 64 millions de personnes en sont atteintes à l’échelle mondiale. Il est également estimé que la MPOC deviendra la 3ème cause mondiale de décès d’ici 2030.
Le professeur Thierry Troosters, qui n’a pas participé aux recherches sur Hexoskin, mais qui est le président de l’ERS, estime que le t-shirt offre un “outil prometteur, bien que relativement cher”. Effectivement, le kit complet, comprenant le vêtement, le dispositif intelligent, le câble USB et un compte sur la plateforme Hexoskin connected health, coûte 499 $.