Charlotte Gainsbourg, Véronique Sanson, Vincent Lindon, Florence Foresti, Richard Bohringer, Thomas Piketty, Clara Luciani… Autant de noms célèbres qui réclament un plan d’urgence pour "sauver l’hôpital" dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron publiée ce mercredi 2 octobre dans Le Parisien-Aujourd'hui en France et bientôt disponible sur le site de pétitions Change.org. Dans cet appel, 108 personnalités françaises et une quarantaine de représentants de patients disent soutenir les "blouses blanches au bord de la crise de nerfs".
"La situation sur le terrain est devenue réellement intenable : les difficultés d’accès aux soins s’accroissent, la qualité et la sécurité des soins se dégradent et nous observons l’épuisement et l’inquiétude des personnels hospitaliers", écrivent-ils alors qu’un mouvement de grève secoue le secteur des Urgences publiques depuis près de sept mois. "Des drames se produisent, touchant toutes les catégories professionnelles de l’hôpital mais également les patients. Ces pertes de chance liées au manque de moyens sont inacceptables. On ne peut plus, vous ne pouvez plus attendre de nouveaux drames pour mettre en œuvre un plan d’urgence pour sauver l’hôpital public", poursuivent-ils.
Pour améliorer la situation catastrophique, ils disent soutenir la demande des personnels hospitaliers en faveur d’un financement supplémentaire nécessaire pour assurer l’ouverture de lits pour que les malades ne "passent plus d’heures voire des jours à attendre couchés sur des brancards", embaucher le personnel nécessaire dans tous les services pour assurer l’accueil, la sécurité, la qualité et la continuité des soins et revaloriser les salaires des personnels hospitaliers. Et de rappeler à ce sujet que la France se trouve en "26e position sur les 35 pays de l’OCDE pour le salaire des infirmières".
Une "démarche commune inédite"
Cette lettre représente une "démarche commune inédite". "Nous n'avons pas eu besoin de les convaincre, ils sont souvent très reconnaissants et conscients des difficultés que nous rencontrons", s’enthousiasme Antoine Pelissolo, psychiatre de l'hôpital Mondor, à Créteil (Val-de-Marne), membre du collectif Inter-hôpitaux, auprès du Parisien.
"Cet appel, c'est celui de monsieur et madame tout le monde qui constate qu'il est de moins en moins bien soigné correctement à l'hôpital public, parce que les personnels, noyés sous les réorganisations, les pénuries d'effectif et de matériel, n'en ont tout simplement plus les moyens", ajoute Marie Citrini, l'une de ses signataires qui défend les droits des patients à l'AP-HP.
Au mois de septembre, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé un plan de 754 millions d’euros pour les urgences sur la période 2019-2022 en 12 mesures. Ces dernières sont destinées à "lever la pression" sur le service des urgences et complètent celles prises avant l’été pour un montant de 70 millions d’euros.
Les promesses du ministère de la Santé n’ont pas convaincu
Le ministère de la Santé veut notamment mettre en place à partir de 2020 un service d’accès au soin, disponible 24h/24 pour informer et orienter les malades pour leurs questions de santé, renforcer l’offre de consultations médicales sans rendez-vous en cabinet, maison et centre de santé, donner à la médecine de ville les mêmes outils de prise en charge que les urgences, intégrer la vidéo à distance dans tous les SAMU et faire en sorte que les personnes âgées puissent être admises directement dans des services de soins.
Pour redorer le blason des personnels hospitaliers, il s’agira par ailleurs d’élargir les compétences des professionnels non médecins tels que les masseurs-kiné, les pharmaciens et les infirmiers. Dans la même logique, Agnès Buzyn entend renforcer et reconnaître les compétences des professionnels des urgences et améliorer la sécurité de ces derniers. Aussi, les chefs d’établissements pourront déposer plainte et se constituer partie civile.
Mais ces promesses n’ont pas convaincu les grévistes qui continuent de demander des lits supplémentaires d’hospitalisation, une revalorisation salariale et des moyens humains.