Dans la schizophrénie comme dans d’autres maladies, il est important de poser un diagnostic le plus tôt possible. Intervenir au bon moment permet de retarder l’évolution de la pathologie mentale et la transition vers la psychose, qui peut mener au suicide. 80% des personnes schizophrènes ont des hallucinations auditives. Elles entendent des voix. Ces dernières apparaissent généralement à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, et peuvent considérablement affecter leur conditions de vie.
Une équipe scientifique issue de la Mount Sinai School of Medicine (New York, Etats-Unis) a tenté de comprendre les origines biologiques de ces hallucinations auditives. Pour cela, les chercheurs ont utilisé une technique d’imagerie médicale afin de comparer le cortex auditif de personnes schizophrènes à celui de personnes non malades. Ils ont constaté que les patients schizophrènes présentaient une anomalie. Les résultats de l’étude sont publiés dans la revue NPJ Schizophrenia.
Une anomalie du cortex auditif en cause
"Puisque les hallucinations auditives ressemblent à de vraies voix, nous voulions vérifier si les patients avec de telles expériences présentaient des anomalies dans le cortex auditif, qui est la partie du cerveau traitant les sons réels de l’environnement externe", explique Sophia Frangou, professeur de psychiatrie et auteure principale de l’étude. Les chercheurs ont utilisé un scanner afin d’obtenir des images haute résolution de l’activité cérébrale des participants qui pendant ce temps là, écoutaient des tonalités à fréquences hautes et basses. Parmi les participants, 16 patients étaient atteints de schizophrénie et 22 étaient en bonne santé. L’équipe scientifique a découvert que la plupart des fréquences sonores apparaissaient "brouillées" sur les parties du cortex auditif des participants schizophrènes.
Il serait possible d’identifier les personnes vulnérables très tôt
"Les résultats de notre étude suggèrent que la vulnérabilité à développer des ‘voix’ est liée à une déviance dans l’organisation du système auditif qui se produit pendant la petite enfance et précède le développement de la parole et l’apparition de symptômes psychotiques de nombreuses années plus tard. C’est particulièrement excitant, car cela signifie qu’il serait possible d’identifier très tôt des personnes potentiellement vulnérables, telles que les enfants de patients atteints de schizophrénie", se félicite le professeur Sophia Frangou. Autrement dit, analyser le cortex auditif permettrait d’identifier les personnes vulnérables avant même l’apparition des symptômes. À l’avenir, l’équipe scientifique va reproduire ces observations sur des échantillons plus importants.