L’épidémie de maladies pulmonaires liées à la consommation de cigarettes électroniques aux Etats-Unis ne faiblit pas. Le dernier bilan est passé à 18 morts et 1 080 malades, ont annoncé jeudi 3 octobre, les Centers for Disease Control and Prevention (Centres de contrôle et de prévention des maladies, CDC).
En une semaine, six nouveaux décès et 275 nouveaux cas ont été recensés, selon les critères établis par les autorités sanitaires : la moitié des nouveaux malades correspondait à des cas anciens qui n’avaient pas été reconnus comme tels, et l’autre moitié à des personnes ayant été hospitalisées au cours de ces deux dernières semaines.
« Malheureusement, l'épidémie […] continue à un rythme rapide », a déclaré Anne Schuchat, haute responsable des CDC, lors d'une conférence téléphonique avec la presse. « Nous n'observons pas de baisse dans l'occurrence de nouveaux cas ».
Des lésions similaires à une exposition à des gaz toxiques
Dans ce contexte, des biopsies des poumons de 17 personnes frappées par les maladies pulmonaires liées au vapotage ont été réalisé et montrent des lésions similaires à une exposition à des gaz toxiques, révèle une étude médicale publiée mercredi 2 octobre 2019.
"Il semble que ce soit une sorte de lésion chimique directe, similaire à ce qu'on pourrait voir lors d'une exposition à des émanations chimiques toxiques, des gaz ou des agents toxiques", explique le médecin Brandon Larsen, de l'hôpital Mayo Clinic Arizona, auteur de l'étude parue dans la revue médicale New England Journal of Medicine.
Aucun des cas ne correspond à une "pneumonie lipidique"
Les malades étudiés ne représentent qu'un petit échantillon des plus de 800 recensés à ce jour aux États-Unis. Mais aucun de ces cas ne correspondait à l'un des diagnostics évoqués initialement, à savoir une "pneumonie lipidique", qui se produit quand des huiles pénètrent les poumons. L'huile de vitamine E a été citée par les autorités de l'État de New York comme une possible cause des maladies.
"D'après ce que nous avons vu dans notre étude, nous estimons que la plupart des cas impliquent des contaminants chimiques, des dérivés toxiques ou d'autre agents nocifs contenus dans les liquides de vapotage", poursuit Brandon Larsen.
Des liquides souvent achetés au marché noir
Les autorités sanitaires enquêtent depuis le mois de juillet 2019 pour déterminer la cause des maladies qui frappent en majorité des hommes jeunes utilisateurs de cigarettes électroniques. Les trois quarts vapotaient des e-liquides au THC, l'agent psychoactif du cannabis, souvent achetés sur le marché noir. Les experts soupçonnent qu'un ou plusieurs additifs provoquent les maladies, qui provoquent des difficultés à respirer.
78 % des malades pour lesquels des informations sont disponibles ont indiqué avoir consommé des recharges de vapoteuses au THC, l'agent psychoactif du cannabis. « Le marché noir nous préoccupe beaucoup », a dit Anne Schuchat.
Plusieurs Etats et villes aux Etats-Unis et dans le monde envisagent d'interdire les cigarettes électroniques (Massachusetts, San Francisco…). Les vapoteuses aromatisées à autres choses que du tabac seront interdites dans les prochaines semaines aux Etats-Unis.
Dans les deux Etats américains d'où est partie l'alerte en juillet, Illinois et Wisconsin, 66 % des patients ont rapporté avoir consommé des recharges vendues sous le nom de Dank Vapes. Cette marque a aussi été identifiée par l'Etat de New York début septembre.