Quand une personne développe un cancer, elle devient plus vulnérable aux maladies cardiovasculaires. En effet, le traitement altère la fonction et structure cardiaque du malade, surtout avec la présence de facteurs de risques tels que l’hypertenstion artérielle. C’est pourquoi, les médecins recommandent souvent à leurs patients atteints de cancer d’arrêter de fumer, de manger sainement, de contrôler leur poids et de faire de l’exercice. Mais d’après une étude parue dimanche 6 octobre dans le European Journal of Preventive Cardiology, une revue de la Société européenne de cardiologie (ESC), il est indispensable de prescrire un entraînement individuel à chaque patient, tenant compte de ses antécédents, de la nature de son traitement et de ses préférences. Par ailleurs, afin de protéger le cœur du malade au maximum, l’activité physique devrait si possible être instaurée avant le début du traitement.
"Les patients cancéreux sont souvent moins actifs que les adultes non cancéreux", explique le Dr Flavio D'Ascenzi, de l'Université de Sienne (Italie), auteur de l’étude en préambule de l’article. Cependant, l'exercice est essentiel pour les patients atteints d'un cancer qui sont sous traitement, quel qu’en soit le type, insiste-t-il.
D’après lui, l'entraînement d’endurance est plus efficace pour améliorer la performance cardiovasculaire et réduire l'inflammation, mais l'entraînement à la résistance peut être un être un bon moyen de commencer pour les patients les plus vulnérables (les plus âgés par exemple). Par ailleurs, d’'autres types d'exercices, comme l'entraînement musculaire inspiratoire, sont sûrs et efficaces, surtout chez les personnes atteintes d'un cancer du thorax.
Préciser la dose, l’intensité et le volume de la pratique
Aussi, une équipe de professionnels de la santé composée d’oncologues, des cardiologues, des physiothérapeutes, d’infirmières, de nutritionnistes et de psychologues, devrait mettre en place une prescription d’exercice pour les malades. Dans le détail, cela devrait permettre d’aboutir à une ordonnance recommandant l’intensité, le type d’entraînement et le volume (heures/minutes d'entraînement par semaine) recommandé pour le patient.
"Définir l'intensité et le volume de l'exercice est important pour maximiser les bienfaits de l'activité physique tout en évitant les douleurs musculaires, la fatigue et les troubles du sommeil", précise le Dr D'Ascenzi. Et de préciser que les patients dont le taux d'hémoglobine est faible doivent éviter les activités à forte intensité. Par ailleurs, ceux dont le taux de plaquettes est faible (nécessaire à la coagulation sanguine) doivent éviter les sports de contact. Enfin, les patients fragiles doivent faire attention aux risques de fracture.
Une fois tous ces facteurs pris en compte pour une activité adaptée, l’exercice physique permet donc, avant, pendant et après le traitement du cancer de contrecarrer les effets négatifs des médicaments sur le système cardiovasculaire. D’autant plus le sport peut soulager des symptômes tels que la nausée et la fatigue et aider à prévenir d’une éventuelle prise de poids liée au traitement, rappellent les auteurs du rapport.
Le sport, recommandé dans le cas de nombreuses maladies
L’impact positif du sport sur la santé, mentale et physique, des malades est très régulièrement démontré. Cet été, il a été prouvé que faire de l'exercice améliorait le moral des patients de plus de 60 ans atteints d'un cancer. Quelques mois plus tôt, des chercheurs avaient quant à eux découvert qu'une activité physique douce et prolongée pouvait aider les patientes atteintes d’un cancer du sein à mieux lutter contre les effets secondaires de la chimiothérapie.
"On a une certitude, l’exercice physique adapté, doux, prolongé, de trois heures par semaine comme la marche rapide ou la piscine, diminue dans la population générale les accidents cardiovasculaires. Or nous savons qu’après une chimiothérapie adjuvante pour un cancer du sein, il y a une augmentation des facteurs de risques cardiovasculaires. C’est donc tout à fait conseillé dans ce cadre avec l’accord du cardiologue qui s’est occupé de la patiente", notaient les auteurs de l’étude, similaire à celle-ci.
Concernant des maladies autres que le cancer, il a notamment été montré que des exercices sur vélo d’intérieur permettait de freiner l’évolution des symptômes de Parkinson chez un groupe de patients ou encore que l’aérobie pourrait améliorer la capacité à marcher des survivants d’AVC souffrant de handicap moteur.