Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'utilisation de pesticides n'est pas forcément synonyme de jardin. Et pour cause : trois Français sur quatre en emploient chez eux. Ce chiffre, rendu publique le 7 octobre, vient de l'étude Pesti'home, menée en 2014 par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Ainsi, 75% des 1 507 ménages interviewés au cours de l'enquête ont utilisé au moins une fois un produit pesticide dans l'année précédant ces travaux.
Produits biocides visant à lutter contre les insectes, les rongeurs, les parasites et les moisissures du bois au sein du domicile, produits pour protéger les plantes d’intérieur et d’extérieur, médicaments humains et vétérinaires contre les poux, les puces, les tiques… Au total, l'Anses a identifié plus de 5 408 produits stockés chez des particuliers.
Les insecticides en tête d'utilisation
Les insecticides sont de loin les plus utilisés, puisque 84% des ménages ayant eu recours à des pesticides s'en sont servis. Dans cette catégorie, l'Anses note l'emploi de biocides contre les insectes volants (40% des ménages) et contre les insectes rampants (28%), ainsi que de médicaments vétérinaires contre les parasites des animaux de compagnie (61% des ménages en ayant un).
Après les insecticides viennent les herbicides et les produits contre les maladies des plantes d’extérieur, utilisés respectivement par 22% et 20% des foyers bénéficiant d'un jardin, d'une terrasse, ou d'un balcon. La troisième catégorie recensée par l'Anses est celle des répulsifs cutanés humains (à l'image des sprays anti-moustiques). 12% des personnes les utilisant en font un usage fréquent, puisque la moitié des ménages concernés les emploient au moins six fois par an et un quart des ménages le font plus de 25 fois par an.
Des utilisateurs cumulant différents produits
En revanche, les insecticides font l'objet d'une utilisation moins fréquente puisque la moitié des personnes y ayant recours s'en servent au minimum trois fois par an. Enfin, la moitié des utilisateurs se servent des herbicides et des fongicides au moins deux fois par an.
Si les foyers urbains (habitant souvent en Île-de-France) emploient peu de pesticides, il existent des forts utilisateurs, qui ont recours aux produits contre les puces, tiques et poux, notamment pour protéger leur animal domestique. L'Anses estime que les très gros utilisateurs cumulent différents produits pour de multiples usages : le jardin, la piscine, la protection des insectes, etc.
L'importance de lire et respecter les précautions d'emploi
Autre constat : 60% des ménages jettent à la poubelle les produits non utilisés alors qu'il convient de les apporter à la déchetterie ou à l'endroit prévu par sa mairie. De même, un tiers des ménages ne lisent jamais les indications des emballages des anti-acariens et anti-rongeurs, tandis qu'ils sont seulement 29% à respecter les précautions d'emploi lors de l’utilisation de répulsifs – un chiffre qui atteint 36% pour les produits contre les insectes volants.
L'Anses recommande de lire et respecter les précautions d'emploi de chacun de ces produits, d'aérer la pièce après utilisation avant d'y rentrer à nouveau, et de porter des gants si nécessaires.
Une nouvelle étude prévue outre-mer
"Ces informations sont indispensables pour mieux évaluer les expositions et les risques potentiels pour la santé des populations et identifier en particulier les expositions cumulées à des substances chimiques. Les données recueillies ont d’ores et déjà permis d’orienter les campagnes de mesures dans l’air intérieur et les études d’imprégnation des populations (mesures dans le sang, les cheveux, les urines), et elles contribueront à interpréter leurs résultats", peut-on lire dans l'étude.
En ce sens, l'Anses ne compte pas s'arrêter là : l'étude a été étendue à l'outre-mer, dont les résultats seront publiés en 2020. De plus, d'ici la fin de l'année, les données de l'enquête seront diffusées sur une plateforme open data pour être utilisées lors de recherches et d'évaluations de l'exposition de la population aux pesticides. Les résultats seront également partagés à l'échelle européenne.