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Sur-risque cardiovasculaire

Une ménopause précoce augmente le risque de maladie cardiaque

Par Charlotte Arce

En compilant les données de 15 études portant sur plus de 300 000 femmes, de nouveaux travaux établissent un lien entre l’âge auquel survient la ménopause et le risque de maladie cardiovasculaire.

yacobchuk/iStock

Moment clé dans la vie des femmes, la ménopause correspond à la période où ces dernières ne peuvent plus avoir d’enfants suite à l’épuisement normal du stock de cellules reproductrices féminines. C’est aussi, pour beaucoup, une phase physiquement et émotionnellement difficile car la ménopause s’accompagne généralement de symptômes désagréables. Bouffées de chaleur, sudations nocturnes, insomnies, troubles de l’humeur et douleurs articulaires sont autant de conséquences de ce bouleversement hormonal qui rendent leur quotidien plus compliqué.

Un risque 40% plus élevé de maladie cardiovasculaire

La ménopause aussi une période où, chez certaines femmes, des pathologies potentiellement graves peuvent survenir du fait des changements hormonaux et de l’avancée en âge. Les maladies cardiovasculaires en font partie, comme le rappelle cette vaste méta-analyse publiée dans The Lancet Public Health. Selon ses auteurs, les femmes ménopausées prématurément ont 40% plus de risques d'avoir un événement cardiovasculaire non fatal que celles qui atteignent la ménopause à l'âge prévu de 50 à 51 ans.

"Les femmes de moins de 40 ans qui connaissent une ménopause prématurée sont presque deux fois plus susceptibles d'avoir un événement cardiovasculaire non mortel avant l'âge de 60 ans ", explique ainsi Gita Mishra, professeure à la School of Public Health et auteure principale de l’étude. "Les femmes ménopausées âgées de 40 à 44 ans étaient 40 % plus susceptibles de souffrir d'une maladie cardiovasculaire" comme une crise cardiaque, une angine de poitrine ou un AVC, poursuit-elle.

Mieux sensibiliser les femmes ménopausées aux risques

Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs de l’étude ont compilé les données portant sur plus de 300 000 femmes ménopausées, et issues de 15 études observationnelles menées ces dernières années. "La relation entre la ménopause et les événements cardiovasculaires non mortels n'était pas claire jusqu'à présent", poursuite le Pr Mishra. "Le tabagisme, le surpoids ou l'obésité, ainsi qu’un faible niveau d'éducation peuvent également renforcer le lien entre la ménopause précoce et le risque de maladie cardiovasculaire chez la femme."

Pour les chercheurs à l’origine de la méta-analyse, ces résultats sont susceptibles d’avoir d’importantes répercussions cliniques et de santé publique, en sensibilisant davantage les femmes au risque de maladie cardiovasculaire induit par la ménopause, et en améliorant le diagnostic. "Identifier les femmes en début de ménopause offre à leurs médecins l'occasion de travailler avec elles pour surveiller et gérer activement les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires", affirme Dongshan Zhu, boursier de doctorat de l'École de santé publique du Québec, qui a dirigé l'étude.

Un sur-risque de diabète de type 2

Les maladies cardiovasculaires ne sont pas les seules pathologies auxquelles sont confrontées les femmes ménopausées. Outre l'ostéoporose et la fragilité osseuse, elles sont aussi plus enclines à développer un diabète de type 2. En octobre 2018, une étude publiée dans Menopause, le journal de la North American Menopause Society (NAMS), affirmait que risque de diabète de type 2 serait d’autant plus important lorsque la ménopause survient de manière précoce. Ces deux facteurs réunis auraient aussi une incidence négative sur l’espérance de vie.

"Les femmes ménopausées naturellement précocement ont une espérance de vie plus courte, sont plus susceptibles de souffrir de diabète et vivent moins d'années sans diabète que celles ménopausées après l'âge de 45 ans ou même après 55 ans", expliquait JoAnn Pinkerton, directrice exécutive du NAMS.