Le monde moderne a créé un paradoxe en termes de nourriture. Les déserts et les famines d’antan ont pris la forme de zones habitées par des personnes à faibles revenus, qui ne constituent pas un marché tentant pour les chaînes de supermarchés fournissant des produits frais. Les habitants de ces "Food Deserts" ont souvent recours à la restauration rapide, malheureusement trop riche en sodium et en sucre.
Une étude publiée par Elsevier dans le Journal of Nutrition Education and Behavior leur apporte l'espoir de pouvoir mieux se nourrir grâce à une tendance qui se développe dans le monde entier au coeur des grandes agglomérations : les jardins urbains qui facilitent l'éducation nutritionnelle.
Dans le contexte d'un intérêt croissant pour les jardins urbains, des chercheurs de l'Université de Californie à San Francisco se sont associés à Villa Verde, une organisation communautaire de jardins urbains située dans le comté de Santa Clara en Californie, pour évaluer la popularité de ces programmes de jardinage urbain.
Une consommation accru de fruits et légumes et de produits frais
L'équipe de chercheurs a étudié 32 participants issus de groupes d'immigrants financièrement vulnérables, principalement des Hispaniques, des Latinos et des femmes. Ils ont été introduits dans le programme de jardinage de Valley Verde pendant un an. Les volontaires de l'étude disposaient du savoir-faire et du matériel nécessaires à la culture de jardins potagers biologiques. Dans le cadre d'ateliers organisés à leur intention, les volontaires ont acquis des compétences en jardinage et une éducation nutritionnelle, en particulier des moyens d'accroître la consommation de légumes, de fruits et de grains entiers. Des recettes de santé spécifiques à la culture ont été diffusées et des commentaires en ont été tirés à différentes étapes.
Les résultats de l’étude sont prometteurs: presque tous les participants ont signalé une consommation accrue de fruits et de légumes qu’ils trouvaient plus abordable. De plus, les participants ont déclaré que les produits locaux étaient plus frais, plus savoureux et plus pratiques. Les jardins potagers ont eu d’autres avantages, les participants faisant état d'une augmentation de leur niveau d’activité physique grâce à une meilleure nutrition et à la nécessité d'entretenir le jardin. Cela sans avoir besoin de dépenser une fortune pour bien manger.
Selon Kartika Palar, PhD, Département de médecine, Université de Californie à San Francisco, États-Unis et auteur principal de l’étude, le modèle à domicile peut jouer un rôle important dans l’agriculture urbaine. "Cela pourrait avoir un impact direct sur la santé en reliant le jardin au ménage et en promouvant un système alimentaire local résilient", ajoute-t-elle.
Le besoin de jardins à la maison
Une grande partie de la population mondiale vit dans des zones en développement et en proie à des conflits dans des conditions d’insécurité alimentaire chronique. La situation s'aggravera dans les temps à venir, alors que la population mondiale en plein essor fait face aux prix élevés des aliments, au changement climatique et au manque de disponibilité d'aliments de qualité. On estime que la population mondiale atteindra 9 milliards d'êtres humains d’ici 2050, ce qui nécessitera une augmentation correspondante des ressources alimentaires pour répondre aux besoins quotidiens de la population.
Les jardins potagers, qui font partie des modes de vie traditionnels des communautés depuis des siècles, constituent une solution efficace pour pallier le manque de nourriture provoqué par les problèmes modernes. Les jardins potagers sont particulièrement utiles pour les personnes qui ont peu de soutien financier et institutionnel.
Une institution pour les ménages ruraux en Asie
Le jardin potager est déjà une sorte d'institution dans la vie des ménages ruraux des pays asiatiques. Il s’articule autour de la famille et constitue souvent le centre de ses activités. Il fournit un espace pour les réunions de famille, une aire de jeux pour les enfants, l'élimination des déchets (il n'est pas rare que les communautés traditionnelles utilisent les déchets de cuisine comme fumier dans leur jardin) et permet même de développer la culture de plantes médicinales (par exemple, le basilic, l'aloe vera, la groseille à maquereau).
"Au final, les jardins potagers apportent une amélioration significative de la vie, quelles que soient les conditions économiques externes. Dans l'ensemble, ils constituent une solution idéale pour répondre aux besoins nutritionnels avec un budget serré", souligne l'étude réalisée par l'université de Californie.