C’est une prouesse chirurgicale qui ouvre la voie à un nouveau traitement du cancer de la peau.
Pour la première fois, les Dr Guillaume de Bonnecaze (Hôpital Larrey/CHU de Toulouse) et Pr Benoît Chaput (Hôpital Rangueil/CHU de Toulouse) sont parvenus, au moyen d’une technique chirurgicale inédite, à reconstruire le nez d’un patient porteur de cinq carcinomes basocellulaires, forme de cancer de la peau la plus répandue chez l’adulte. Leurs travaux viennent d’être publiés dans la revue Head and Neck.
Une reconstruction grâce à la peau sous-mentonnière
Touchant les cellules les plus profondes de l’épiderme, dites cellules basales, le carcinome basocellulaire représente 80% des cancers de la peau hors mélanome. Favorisé par l’âge et l’exposition aux rayons ultra-violets, il bénéficie généralement d’un diagnostic favorable mais est aussi à l’origine de lésions disgracieuses sur la peau, d’où la nécessité de bénéficier d’une chirurgie réparatrice pour extraire le carcinome.
Le défi relevé par le Dr de Bonnecaze et le Pr Chaput était d’extraire les cinq carcinomes présents sur le nez de leur patient sans détacher la peau au niveau du front pour reconstruire le nez. Ce geste était cependant irréalisable, car le patient présentait aussi des tumeurs au niveau du front.
Les médecins ont donc privilégié une autre technique, jusqu’ici jamais réalisée : celle de prélever la peau de pli sous-mentonnier, de la passer au-dessus du menton et des lèvres pour recouvrir le nez du patient. Cette peau "plus distendue, plus épaisse, et donc de meilleure qualité" permet non seulement de reconstruire le nez sans lésion ni cicatrice, mais aussi d’assurer au patient une respiration normale.
Une revascularisation en deux temps
Cette technique les a toutefois mis face à un défi, celui de la revascularisation. Alors que le lambeau frontal « reste vascularisé par le vaisseau frontal auquel il est rattaché, la peau sous-mentonnière nécessite une restauration de la circulation sanguine. Les médecins ont donc détourné deux très fines artérioles longeant les deux artères faciales et les ont relevées vers le nez, sous un pont cutané, le long des sillons nésogéniens. Trois semaines plus tard, quand la revascularisation s’est faite seule, les deux ponts cutanés contenant les artérioles ont été retirés.
Un an après l’intervention chirurgicale, les résultats sont très encourageants. "Le patient se porte bien, respire normalement et n’a aucune cicatrice sur le nez", fait savoir le CHU de Toulouse dans son communiqué.
Désormais, les médecins à l’origine de cette nouvelle technique chirurgicale prévoient de nouvelles études pour la comparer à celle traditionnelle du lambeau frontal.