Touchant 15 à 20% des Français au cours de leur vie (soit près de 9 millions de personnes), la dépression est l’une des maladies psychiques les plus fréquentes, caractérisée par la tristesse, la perte d'intérêt ou de plaisir, des sentiments de culpabilité ou de faible estime de soi, des troubles du sommeil ou de l'appétit, d'une sensation de fatigue et d'un manque de concentration.
Commençant souvent à un jeune âge, la dépression touche deux fois plus de femmes que d’hommes mais jusqu’ici, aucune étude scientifique n’avait découvert le mécanisme neurologique qui régule ce comportement, ni s’il existait des différences moléculaires spécifiques entre les femmes et les hommes.
C’est désormais chose faite avec de nouveaux travaux menés par l’Université d’État du Michigan (MSU). Dans une étude publiée dans la revue Biological Psychiatry, ils expliquent avoir découvert dans le cerveau de la souris un "interrupteur" qui s’active en cas de stress et qui est contrôlé par la testostérone. "Ce que font ressortir ces résultats, ce n'est pas seulement l'identification de ce nouveau circuit, mais aussi l'observation et la confirmation des différences de comportement entre les hommes et les femmes qui en découlent", explique A.J. Robison, physiologiste de la MSU et auteur principal de l'étude.
Le rôle-clé de la testostérone
Pour mettre à jour ce nouveau mécanisme différencié selon le genre, les chercheurs se sont concentrés sur l'activité entre les neurones de l'hippocampe ventral, qui deviennent actifs sous l'effet du stress et des émotions, et l’activité des neurones du noyau accumbens, acteurs de la récompense et de la motivation.
Ils ont alors constaté que l'activité du cerveau masculin pendant le stress était significativement plus faible que celle du cerveau féminin. Pour pallier ce manque, ils ont injecté aux souris mâles de la testostérone, qui a déjà démontré son efficacité pour traiter la dépression masculine. Ils ont ensuite remarqué que lorsqu’ils arrêtaient les injections de testostérone, les souris mâles recommençaient à développer un comportement dépressif.
Inversement, l’activité des circuits neuronaux est en augmentation dans le cerveau des souris femelles en cas de stress. Lorsqu’ils ont injecté de la testostérone, l’activité neuronale a ralenti et les souris femelles n’ont pas développé un comportement dépressif.
De nouvelles pistes thérapeutiques
"C'est la première fois que nous trouvons un circuit qui conduit ce comportement sexuellement différent", explique le Pr Robinson. "D'autres scientifiques peuvent maintenant explorer comment cela pourrait se traduire par l'identification de nouvelles cibles thérapeutiques chez les humains." Parmi les pistes étudiées, celles de l’élaboration d’outils de "médecine génétique" pour une approche plus individualisée du traitement de la dépression.