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Médicaments et risques

De faibles doses d’antibiotiques modifieraient le microbiote intestinal

Par Mégane Fleury

Une étude réalisée sur des poissons zèbres, dont les caractéristiques anatomiques sont proches des humains, montre que des quantités d’antibiotiques similaires à celles qu’on trouve dans l’environnement altèrent le fonctionnement des bactéries intestinales. 

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Un traitement par antibiotiques peut perturber le fonctionnement de la flore intestinale. En voulant détruire les bactéries néfastes pour notre santé, ils peuvent endommager le microbiote. Des chercheurs de l’université d’Oregon se sont interrogés sur les seuils à partir desquels les antibiotiques peuvent avoir un impact sur les bactéries intestinales. Dans Proceedings of the National Academy of Sciences, ils publient les résultats de leur étude consacrée aux conséquences d’une faible exposition aux antibiotiques sur des poissons zèbres. 

Une conséquence de l’utilisation importante des antibiotiques 

Les poissons zèbres sont régulièrement utilisés lors d’études scientifiques car ils partagent de nombreuses caractéristiques anatomiques et physiologiques avec l’homme. Il est également possible de directement observer leurs bactéries intestinales. Grâce à des microscopes 3D, l’équipe de recherche les a étudié après les avoir exposées à des niveaux d’antibiotiques comparables à ceux que l’on trouve dans l’environnement. "Les antibiotiques en faible quantité peuvent être des polluants environnementaux, explique Raghuveer Parthasarathy, membre de l’Institut de biologie moléculaire de l’université d’Oregon, notamment du fait de leur usage important dans l’élevage de bétail."

Mieux comprendre l'antibiorésistance

Les chercheurs ont analysé les effets de l’antibiotique ciprofloxacine sur deux types de bactéries présentes dans l’intestin des poissons zèbres : la première est très mobile et se déplace vite, les secondes sont rassemblées dans des colonies denses. Après exposition, les bactéries ont eu un comportement différent. Les premières sont devenues beaucoup plus lentes, et les secondes ont formées des colonies encore plus grandes. Toutes les bactéries sont devenues plus sensibles aux contractions mécaniques des intestins, elles étaient plus fréquemment expulsées de l’organisme, et leur quantité a drastiquement diminué. "Nous supposons que ce que nous avons découvert s’applique à d’autres espèces, dont les humains et d’autres animaux", souligne le professeur Parthasarathy. Il suggère que ce processus d'expulsion des bonnes bactéries des intestins pourrait contribuer à l'antibiorésistance. Cette dernière est une menace pour la santé mondiale : en Europe, elle serait la cause de 25 000 décès chaque année.