Cela a été prouvé à maintes reprise, la marche (rapide si possible) maintient en bonne forme physique. Et qui dit bonne forme physique, dit souvent bonne santé et meilleur vieillissement cognitif. A contrario, il semblerait qu’une démarche lente prédise un vieillissement accéléré. En effet, d’après une nouvelle étude parue vendredi 11 octobre dans le JAMA Network, les personnes ayant tendance à marcher plus lentement à l’âge de 45 ans vieillissent plus vite, tant sur le plan physique que cognitif.
Pour répondre à la question : "Est-ce qu'une vitesse de marche lente en milieu de la vie indique et prédit un vieillissement accéléré ?", Line J. H. Rasmussen, chercheuse au département de psychologie et de neurosciences de l'Université Duke (Caroline du Nord, Etats-Unis), et ses collègues examiné les données de 904 participants ayant participé à une étude multidisciplinaire en Nouvelle-Zélande. A partir de trois ans et pendant une majeure partie de leur vie, les participants avaient subi des tests périodiques analysant entre autres, le QI, la mémoire de travail, la compréhension verbale ou encore le raisonnement.
Ayant accès à toutes ces données, les chercheurs ont évalué la vitesse de marche des adultes selon trois mesures : vitesse de marche habituelle, vitesse de marche à double tâche (les participants devaient marcher normalement en récitant l'alphabet) et vitesse de marche maximale.
Leur cerveau semble plus âgé que leur âge biologique
Ils ont également évalué la fonction physique des adultes en leur demandant de s’auto-évaluer et d’accomplir une série de tâches physiques. Pour étudier le vieillissement accéléré, ils se sont penchés sur des biomarqueurs tels que, par exemple, l’indice de masse corporelle, la tension artérielle, la forme cardiorespiratoire, le taux de cholestérol total, le taux de triglycérides, le taux de globules blancs ou encore la santé des dents et des gencives. Enfin, se servant d’IRM, ils ont analysé la santé cérébrale des adultes.
Résultat : les personnes marchant lentement à l’âge de 45 ans présentent un volume cérébral plus petit, un amincissement cortical plus important, des zones corticales plus petites et plus de lésions de la substance blanche. Ainsi, leur cerveau semble plus âgé que leur âge biologique, expliquent les chercheurs.
Par ailleurs, la santé cardiorespiratoire, la santé immunitaire et la santé des gencives et des dents des participants qui marchaient lentement à 45 ans s’est également détériorée plus vite que les autres.
Des tests réalisés à l’âge de trois ans pour prédire la vitesse de marche à l’âge adulte
"Ce qui est vraiment frappant, c'est qu'il s'agit de personnes âgées de 45 ans, et non de patients gériatriques qui sont habituellement évalués à l'aide de telles mesures", explique Rasmussen, auteure principale de l'étude.
Autre observation intéressante : les scores de QI ainsi que le langage réceptif, les habiletés motrices et la régulation émotionnelle et comportementale des enfants de 3 ans permettaient également de prédire la vitesse de marche plus tard. Ainsi, ceux qui ont obtenu de moins bons résultats quand ils étaient petits sont devenus des marcheurs plus lents à l’âge adulte.
"Les médecins savent que les personnes marchant lentement à 70 ou 80 ans ont tendance à mourir plus tôt que les marcheurs rapides du même âge", ajoute Terrie E. Moffitt, professeur de psychologie à l'Université Duke de Nannerl O. Keohane et auteure principale de cette étude. "Mais cette étude couvrait la période allant de l'âge préscolaire à la quarantaine et a montré qu'une marche lente est un signe de problème des décennies avant la vieillesse", poursuit-elle.
Marcher deux heures par semaine pour vivre plus longtemps
Les bienfaits de la marche à pied pour la longévité sont régulièrement démontrés par la science. Il y a quelques temps, des scientifiques avaient démontré que marcher deux heures par semaine seulement réduisait le risque de mortalité toutes causes confondues.
"Bien que le sexe et l'indice de masse corporelle ne semblaient pas influencer les résultats, la marche à un rythme moyen ou rapide était associée à une réduction significative du risque de mortalité toutes causes confondues et de maladies cardiovasculaires", notaient les auteurs de l’étude après avoir analysé 11 enquêtes menées auprès de la population au Royaume-Uni entre 1994 et 2008, recueillant des données de 50 225 marcheurs.