Avec ces fleurs blanches en forme de cloches, elle pourrait passer pour une innocente plante champêtre. Pourtant, le datura est une redoutable plante toxique, devenue la plaie des agriculteurs bio.
Des risques pour la santé
S’infiltrant dans les récoltes où il n’y a plus de désherbage chimique, le datura stramonium, aussi connu sous le nom d’"herbe du diable", contient dans sa tige, ses feuilles et ses fleurs des alcaloïdes (atropine et scopolamine), des substances toxiques pour l’organisme. Comme l’explique France Info, l’ingestion de datura peut provoquer un syndrome anticholinergique, qui associe troubles cardiaques et neurologiques. Parmi les symptômes cliniques : la bouche sèche, la dilatation des pupilles, la tachycardie sinusale, de la fièvre. En cas d’ingestion d’une forte dose, cette plante peut aussi causer une confusion mentale, des hallucinations, une hyperthermie, un coma et une dépression respiratoire. Selon Magali Labadie, responsable du Centre anti-poison de Bordeaux, "des décès sont possibles car les hallucinations peuvent entraîner des actes auto-agressifs".
Des rappels de produits et des intoxications
Si aucun décès n’est pour le moment imputable au datura en France, plusieurs cas d'intoxication ont été signalés ces derniers mois. En décembre 2018 et février 2019, la contamination de farine de sarrasin bio a occasionné une quinzaine d’hospitalisations en Martinique, heureusement pour des cas sans gravité.
Fin août, c’était au tour des marques "Jardin Bio", "Nature et Cie", "Ma Vie sans Gluten" et "Graines d’Alisa" de procéder au rappel de lots de farine de sarrasin bio après que des alcaloïdes de datura y ont été détectés lors d’analyses sanitaires.
Si le datura pousse majoritairement dans les cultures n’utilisant pas de produits phytosanitaires, la plante peut aussi contaminer des légumes issus de l’agriculture traditionnelle, rappelle France Info. C’est notamment le cas des haricots et des épinards, dont les feuilles vertes et les tiges ressemblent à celles du datura.
Pour Xavier Reboud, directeur de recherche à l’Inra, il est nécessaire de "prendre au sérieux ce risque", même s’il assure qu’il n’y a pas à l’heure actuelle "d’augmentation significative du nombre de situations problématiques".
La solution viendra peut-être agriculteurs eux-mêmes : en cultivant des céréales hivernales comme le blé ou l’orge, ils minimisent le risque de contamination au datura, une plante qui apprécie la chaleur et est très sensible au froid.