Les médecins qui traitent des patients souffrant de douleurs chroniques pourraient bientôt être en mesure d'administrer des médicaments ciblés. Les chercheurs de l'Icahn School of Medicine du Mont Sinai (Etat de New York) ont identifié la protéine du cerveau responsable du maintien de la douleur chronique. L'équipe de chercheurs, dirigée par Venetia Zachariou, professeure de neurosciences à l'Icahn School of Medicine du Mont Sinai, affirme que la protéine RGS4 joue un rôle important dans la douleur chronique et qu’elle peut être ciblée pour traiter cette douleur.
Vers un soulagement de la douleur chronique
L'étude publiée dans le Journal of Neuroscience, indique que cette découverte aidera les médecins à prévenir la progression de la douleur aiguë vers la douleur chronique. Cette dernière peut s’accompagner de divers symptômes, allant des déficits sensoriels à la dépression en passant par la perte de motivation. “Jusqu’à présent, les médicaments disponibles pour soulager les douleurs neuropathiques ou inflammatoires chroniques ont montré une efficacité limitée et des effets secondaires majeurs. En effet, le passage de la douleur aiguë à la douleur chronique (qui est pathologique) est complété par de nombreuses adaptations des cellules immunitaires, gliales et neuronales, dont beaucoup ne sont pas encore bien comprises”, explique Venetia Zachariou.
La plupart des patients souffrant de douleurs chroniques reçoivent des opioïdes pour soulager temporairement la douleur, en contrepartie, ils s’exposent à un risque d'accoutumance dès lors que le traitement s’étend sur une période prolongée. Des méthodes novatrices et des médicaments adaptés doivent donc être mis au point pour traiter la douleur chronique tout en réduisant la dépendance aux opioïdes.
Des tests thérapeutiques à l’étude
Dans l'étude, les chercheurs ont découvert que la protéine RGS4 (qui est multifonctionnelle et largement exprimée dans les circuits cérébraux qui traitent la douleur pathologique, l'humeur et la motivation) joue un rôle dans le maintien des états douloureux, indépendamment du fait que la douleur ait été causée par une blessure ou une inflammation nerveuse. Les chercheurs ont supprimé le gène RGS4 des souris et se sont aperçu que son action perturbait le maintien de la douleur chronique chez les mâles et les femelles.
Venetia Zachariou pense que la douleur chronique affecte de nombreux processus neurochimiques, et que les médicaments à cible unique sont peu susceptibles de fonctionner. En revanche, le ciblage d’une protéine multifonctionnelle peut se révéler efficace pour endiguer la persistance de la douleur chronique.
Le laboratoire du Venetia Zachariou mène actuellement d'autres recherches sur les actions du RGS4, notamment dans la moelle épinière et les régions du cerveau qui régulent l’humeur, afin de mieux comprendre le mécanisme par lequel cette protéine affecte les symptômes de douleur sensorielle et affective. Des tests sont également menés pour voir le potentiel thérapeutique des inhibiteurs de la RGS4.