Malgré une baisse de la mortalité liée au paludisme, ou malaria, ces quinze dernières années, l’OMS a comptabilisé environ 435 000 morts dans le monde en 2017, les victimes étant surtout des enfants vivant en Afrique subsaharienne, où la maladie est si courante qu’on l’appelle fièvre du marais. Cette dernière est provoquée par la piqûre d’un moustique femelle, de type anophèles, lui-même infecté par le parasite Plasmodium.
Malheureusement, à l’heure actuelle, il n’existe aucun vaccin efficace contre le paludisme et les principaux traitements sont des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisine, principe issu d’une plante, et le Plasodium y devient de plus en plus résistant. Aussi, afin de poursuivre la baisse de la mortalité observée ces dernières années, les chercheurs doivent rapidement mettre au point de médicaments innovants. Une découverte française inédite pourrait toutefois contribuer à la création de nouvelles cibles thérapeutiques. En effet, des chercheurs ont identifié un gène essentiel spécifique au parasite, a annoncé l’Institut Pasteur de Lille dans un communiqué de presse le 14 octobre.
En étudiant les mécanismes spécifiques de la biologie du Plasmodium, l’équipe de recherche du Dr Jamal Khalife (CNRS, Inserm, Université de Lille, Institut Pasteur de Lille) a réussi à démontrer qu’il était possible d’intervenir génétiquement sur GEXP15, une protéine spécifique du parasite, diminuant ainsi sa virulence et bloquant son développement chez le moustique.
L’Afrique subsaharienne et l’Inde ont concentré 80% du nombre total de cas en 2017
"Cette étude caractérise pour la première fois une nouvelle voie moléculaire d’un régulateur essentiel de PP1 (Protéine Phosphatase de type 1 ) et spécifique de Plasmodium, ce qui pourrait contribuer à la découverte de nouvelles cibles thérapeutiques pour lutter contre le paludisme", se félicite l’Institut Pasteur.
En 2017, le nombre de cas de paludisme dans le monde a été estimé à 219 millions. La transmission a lieu dans 91 pays, surtout des zones tropicales défavorisées. Cette même année, quinze pays d’Afrique subsaharienne et l’Inde ont concentré 80 % du nombre total de cas dans le monde.
"En France, les départements de la Guyane et de Mayotte sont les seules zones du territoire où le paludisme est présent. En métropole, les cas de paludisme sont observés de façon quasi-exclusive chez des personnes de retour de pays où la transmission du paludisme est active", note le ministère de la Santé sur son site. En 2018, le nombre de cas de paludisme d’importation a été estimé à environ 5 280 pour l’ensemble de la France métropolitaine.
Plasmodium falciparum peut tuer
Au niveau des symptômes, quand une personne tombe malade, le paludisme débute 8 à 30 jours après la piqûre de moustique. Elle commence à avoir de la fièvre. Cette dernière peut s’accompagner de maux de tête, de douleurs musculaires, d’un affaiblissement, de de vomissements, de diarrhées et de toux. Des cycles alternant fièvre, tremblements et transpiration intense peuvent alors avoir lieu.
Quand elle est bien traitée, la primo-infection guérit en quelques jours. Mais son évolution varie selon l’espèce parasitaire en cause. Chez les personnes atteintes d’un paludisme à Plasmodium vivax et à Plasmodium ovale, des rechutes peuvent survenir plusieurs semaines ou mois après la première infection, même si les malades ne sont plus dans la zone concernée par le paludisme. Et chez les sujets souffrant d’un Plasmodium falciparum, les complications peuvent être très graves. Les crises se manifestent par une fièvre très élevée (41-42 °C), des troubles neurologiques graves avec des troubles de la conscience (convulsions, coma, signes de méningite) et divers signes généraux (anémie importante, hypoglycémie, troubles de la coagulation et hémorragies, atteinte du foie et des reins). Si le malade n'est pas traité rapidement, le paludisme à Plasmodium falciparum peut s’aggraver brusquement, jusqu’au décès.
C’est pourquoi avant un départ dans une zone d’endémie, la prévention au paludisme doit être systématique, recommandent les autorités sanitaires françaises. Elle repose sur la prévention des piqûres de moustiques avec l’utilisation d’une moustiquaire, de vêtements longs et de répulsifs anti-moustique, et la prise de médicaments antipaludéens.