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Alcool et trouble cardiovasculaire

Fibrillation auriculaire : mieux vaut se saouler une fois que boire régulièrement

Par Charlotte Arce

Une étude de la Société Européenne de Cardiologie montre que consommer régulièrement de petites quantités d’alcool est davantage lié au risque de fibrillation auriculaire qu’une consommation excessive mais ponctuelle.

LightFieldStudios/iStock

Selon la dernière enquête de Santé Publique France, la consommation d’alcool a été responsable en France de 41 000 des 580 000 décès recensés en 2015, soit 7% des décès recensés cette année-là.

Agissant comme facteur associé dans de nombreuses maladies, l’alcool est notamment responsable de 9 900 décès liés à une maladie cardiovasculaire. Doublant le risque d’infarctus et d’insuffisance cardiaque, sa consommation peut aussi causer une fibrillation auriculaire, un trouble du rythme cardiaque fréquent qui multiplie par cinq les risques d’AVC.

Toutefois, selon une nouvelle étude menée par la Société Européenne de Cardiologie et publiée dans la revue EP Europace, ce risque de développer une arythmie cardiaque varie selon le mode de consommation. Les personnes buvant régulièrement de faibles quantités d’alcool seraient davantage exposées que celles pratiquant le binge drinking, qui consiste à absorber une grande quantité d’alcool en un minimum de temps.

Un lien formel établi entre alcool et fibrillation auriculaire

Une méta-analyse précédemment publiée avait déjà montré que le risque de fibrillation auriculaire augmentait de 8 % pour chaque verre contenant 12 g d'alcool consommé par semaine. Mais ses auteurs n’avaient pas réussi à établir l’origine de cette corrélation : la quantité totale d'alcool ou le nombre de séances de consommation.

Dans ces nouveaux travaux, les chercheurs se sont particulièrement focalisés sur l'importance relative de la consommation fréquente d'alcool par rapport à la consommation occasionnelle d'alcool dans le développement dans les cinq ans des cas de fibrillation auriculaire. Au total, leurs recherches ont porté sur 9 776 956 personnes sans fibrillation auriculaire. Toutes ont subi un bilan de santé en 2009 et ont parallèlement rempli un questionnaire portant sur leur consommation d’alcool. Elles ont fait l’objet d’un suivi jusqu’en 2017.

2% de risque supplémentaire pour chaque gramme d’alcool bu

En croisant les données recueillies, les chercheurs ont alors constaté que consommer de l’alcool en faible quantité plusieurs fois par semaine était le facteur de risque le plus important de fibrillation auriculaire : plus 2% de risque supplémentaire pour chaque gramme d’alcool consommé par semaine.

Plus cette consommation est régulière, plus ce rapport de risque augmente. En revanche, la consommation excessive d'alcool n'a pas montré de lien clair avec l'apparition d'une fibrillation auriculaire.

"Notre étude suggère que la consommation fréquente d'alcool est plus dangereuse que la consommation occasionnelle d'alcool par excès occasionnel en ce qui concerne la fibrillation auriculaire", explique le Dr Jong-Il Choi, du Collège de médecine de l'Université de Corée et du Korea University Anam Hospital, à Séoul. "Le nombre de séances de consommation d'alcool était lié à l'apparition de la fibrillation auriculaire, peu importe l'âge et le sexe. Les épisodes répétés de fibrillation auriculaire déclenchés par l'alcool peuvent mener à une maladie manifeste. En outre, la consommation d'alcool peut provoquer des troubles du sommeil, un facteur de risque connu de fibrillation auriculaire", poursuit-il.

Selon le chercheur, il est nécessaire de renforcer la prévention sur la fibrillation auriculaire plutôt que sur ses complications, notamment auprès des personnes buvant occasionnellement de l’alcool en raison de la dégradation de la qualité de vie qu’elle occasionne."La consommation d'alcool est probablement le facteur de risque le plus facilement modifiable. Pour prévenir l'apparition d'une nouvelle fibrillation auriculaire, il faut réduire à la fois la fréquence et la quantité hebdomadaire de consommation d'alcool", prévient le Dr Choi.