Pour acheter du jambon blanc de couleur rose, il faudra peut-être bientôt payer plus cher! Réunis en commission dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020 (PLFSS), les députés ont voté, à l’initiative de l’élu MoDem Richard Ramos, un amendement visant à instaurer une taxe sur les charcuteries contenant des sels nitrités. Au total, une cinquantaine de députés, de divers bords politiques, se sont ralliés pour voter l’amendement. Il devra cependant être revoté à l’Assemblée nationale pour être intégré au projet de loi.
Un conservateur classé cancérogène
Figurant sous la mention E250 dans la liste des ingrédients des viandes transformées (jambons, rillettes, pâtés…), les sels nitrités (ou nitrites de sodium) permettent de donner aux charcuteries leur couleur rose tout en allongeant leur durée de conservation.
Ils sont pourtant sujets à controverse puisqu’accusés de favoriser le développement de certaines maladies, notamment le cancer colorectal. Classées par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), rattaché à l’OMS, comme cancérogènes de groupe 1, les viandes transformées seraient responsables de 34 000 cancer mortel dans le monde chaque année. Le CIRC estime d’ailleurs que "chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée tous les jours augmente le risque de cancer colorectal de 18% environ".
10 centimes d'euro par kilo
L’amendement voté cette semaine prévoit d’instaurer une taxe de 10 centimes d’euros par kilogrammes sur les produits contenant ces additifs nitrés. "C’est un amendement de bon sens", a expliqué au Monde le député MoDem Richard Ramos. "On ne peut pas faire courir un risque de santé aux gens. On propose de mettre en place un outil qui entraîne peu de contraintes financières dans un premier temps – 10 centimes par kilogramme de sel nitrité soit 0,10 centime par kilogramme de produit fini –, pour que les industriels aient le temps de s’adapter. Notre but n’est pas punitif, mais de les pousser à aller vers de meilleures pratiques."
De son côté, l'association Foodwatch se félicite de l'adoption de l'amendement mais estime qu'une telle mesure n'est pas suffisante. "Il n’y a pas de débat sur les dangers en termes de santé publique, ceux-ci sont avérés, et des industriels savent déjà très bien s’en passer", regrette Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch France.
Une taxe sur les boissons "premix" au vin
Autre taxe votée en commission mardi : celle sur les boissons "premix" à base de vin, c’est-à-dire mélangeant alcool et boisson non alcoolisée très sucrée. Cet amendement, voté à l’initiative d’Audrey Dufeu Schubert (LREM), étend la taxe "premix" déjà existante aux boissons à base de vin. Désormais, ces vins blancs pêche et autres rosés pamplemousse seront taxés à 3€ par décilitre d’alcool pur. Les "premix" à base d’alcool fort restent quant à elles taxées à 11€ par décilitre d’alcool pur.