Depuis l’interdiction du bisphénol A (BPA), il a pris sa place dans les contenants alimentaires, en particulier hors d’Europe. Pourtant, le bisphénol B (BPB) s’avère tout aussi dangereux pour la santé.
C’est ce que met en lumière une étude publiée mercredi 16 octobre dans la revue Environmental Health Perspectives par l’Agence nationale de sécurité sanitaire française (Anses). Selon elle, “le bisphénol B présente des propriétés endocriniennes similaires à celles du bisphénol A” et donc ne doit pas être utilisé.
Un perturbateur endocrinien avéré
Si le BPB n’est pas produit en Europe et n’est pas enregistré dans le cadre du règlement européen sur les substances chimiques (REACH), d’autres pays l’ont aisément utilisé en guise de substitution au BPA. C’est notamment le cas des États-Unis, qui l’utilisent comme résines à l’intérieur des boîtes de conserve. “Quelques études montrent qu'on le retrouve dans certaines populations, notamment au Portugal et en Italie, ce qui suggère que celles-ci ont été exposées par le biais de produits importés, qui contiennent du BPB”, explique au Monde Cécile Michel, co-autrice de l’étude.
Ces nouveaux travaux de l’Anses se sont basés sur “la similarité de structure entre le bisphénol A (BPA) et le BPB” et ont “pris en compte les effets possibles du BPB sur l’homme ou la faune sauvage observés lors de tests en laboratoire réalisés sur différentes espèces de vertébrés tels que des rongeurs ou des poissons”.
Les résultats sont édifiants : tout comme le BPA, le bisphénol B a la capacité d’interférer “avec la voie de signalisation des œstrogènes, à réduire la production de testostérone, à altérer la stéroïdogenèse, à modifier la spermatogenèse (la production de spermatozoïdes, ndlr) chez les rats et les poissons-zèbres, ainsi que la reproduction des poissons. Cette activité œstrogénique ainsi que l'inhibition de la production de testostérone sont cohérentes avec l'activité endocrinienne du BPA”, conclut l’Anses.
“Par le biais de l’Anses, la France va prochainement déposer un dossier au niveau européen pour proposer l’identification du BPB comme perturbateur endocrinien”, affirme Cécile Michel.
Le BPS aussi dans le viseur des autorités sanitaires
Classé en juillet 2017 au niveau européen comme perturbateur endocrinien pouvoir avoir des effets graves sur la santé humaine, le bisphénol A fait l’objet en France d’une interdiction dans tous les contenants alimentaires depuis le 1er juillet 2015. Il avait précédemment été interdit dans les biberons et les contenants d’aliments pour bébé.
Fin septembre, la justice européenne a confirmé la classification comme perturbateur endocrinien, rejetant le recours déposé par PlasticsEurope, qui représente les producteurs européens de matières plastiques.
Tout comme le BPA et le BPB, le bisphénol S (BPS), présent dans les canettes, les tickets de caisse ou les étiquettes alimentaires, pourrait lui aussi se retrouver sur la sellette. Selon une étude menée par des chercheurs toulousains et publiée cet été dans la revue Environmental Health Perspectives, “le remplacement du BPA par le BPS pourrait conduire à augmenter l'exposition de l'homme à un composé hormonalement actif.”