Des chercheurs ont peut-être trouvé une piste de traitement pour vaincre la dysplasie ventriculaire droite arythmogène (DVDA). Cette maladie du coeur héréditaire qui se traduit par des déficiences de rythme au niveau des ventricule du coeur est en grande partie responsable des morts subites chez les athlètes de moins de 35 ans.
En France, ce phénomène peut s’élever à plus de 1 000 morts par an, en activité sportive ou activité physique de loisir, selon des données de l’Institut de recherche du bien-être, de la médecine et du sport santé.
Dans les maladies cardio-artérielles, les cellules cardiaques se désagrègent avec le temps, et ces cellules sont remplacées par du tissu cicatriciel endommagé et enflammé. Ces cicatrices peuvent augmenter le risque de rythme cardiaque irrégulier et entraîner la mort cardiaque subite si le tissu cicatriciel raidit la paroi cardiaque et la rend incapable de pomper.
Le rôle des cellules immunitaires
Si une personne sait qu'elle est porteuse d'une mutation génétique pouvant causer une DVDA, les médecins l'initient à modifier son mode de vie, par exemple en limitant son activité physique et en prenant des médicaments qui maintiennent son rythme cardiaque bas. Mais aucun médicament n’existe pour traiter les défauts structurels sous-jacents relatifs à cette maladie.
Les auteurs de l’étude, chercheurs à l’école de médecine de l’université John Hopkins (Etats-Unis), ont analysé le rôle du système immunitaire à partir de modèles de souris et de cellules de muscles cardiaques humains atteintes de DVDA.
Publiée dans la revue Circulation, l’étude montre que l'inflammation associée à la maladie était liée à des niveaux élevés de macrophages, un type de cellules immunitaires que l'on peut trouver autour de coupures ou d'éraflures en cours de guérison.
"Les macrophages sont généralement les "gentils" qui aident à guérir une blessure et qui s'en vont ensuite. Mais dans la DVDA, ils s'installent en permanence dans le cœur, ce qui, avec le temps, réduit sa fonction", explique Stephen Chelko, qui a dirigé l’étude.
Une fonction cardiaque deux fois plus élevée chez les souris
L'équipe du Pr Chelko a également découvert que dans la DVDA, les cellules cardiaques elles-mêmes sont déclenchées par une protéine appelée NF-κB, activée pour produire des produits chimiques appelés cytokines, qui agissent comme balises pour les autres cellules et molécules inflammatoires.
Lorsque les chercheurs ont traité des souris et les cellules souches humaines avec un médicament visant à bloquer l'action de la NF-κB, les cellules cardiaques ont cessé de produire plusieurs de ces cytokines, ce qui a entraîné une diminution de l'infiltration des cellules inflammatoires. Des résultats similaires ont été observés sur les souris, qui ont présenté une fonction cardiaque deux fois plus élevée.
Bien que le Bay-11-7082 ne soit actuellement utilisé en laboratoire qu'à des fins expérimentales, la Food and Drug Administration des États-Unis a approuvé le canakinumab, un médicament qui cible la même voie inflammatoire, dans le cadre de traitements pour l'arthrite juvénile et une série de syndromes auto-inflammatoires rares.
Le Canakinumab fait également l'objet d'études en vue de son utilisation dans la coronaropathie. Le groupe de Chelko étudie actuellement si ce médicament aurait le même effet que le Bay-11-7082 dans la DVDA pour prévenir les maladies cardiaques à long terme.