La saison est risquée. Alors que l’Anses appelait il y a quelques semaines à bien différencier les marrons des châtaignes comestibles afin de ne pas s’intoxiquer, le risque est également là en ce qui concerne les champignons. Ces quinze derniers jours, 493 cas d’intoxication ont été signalés aux centres antipoison, dont un grave, a avertit l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) mercredi 23 octobre. Personne n’en est mort, précise toutefois le communiqué, appelant les cueilleurs à la vigilance.
"Ces deux dernières semaines, les conditions météorologiques, plus fraîches et humides, ont favorisé la pousse des champignons", explique l’Anses en préambule. Aussi, les amateurs de cueillette s’en sont donné à cœur joie et plusieurs ont confondu des espèces toxiques avec des comestibles.
"Ces derniers jours on a eu quand même énormément de cas de confusions de rosé des prés avec des agarics jaunissants ou alors des confusions d’autres types de champignons avec des entolomes livides par exemple", explique le Dr Jérôme Langrand, toxicologue, à France Info. Or cette erreur peut avoir des conséquences sur la santé.
Une prise en charge aux urgences
"Pour ces deux espèces-là, cela va provoquer un syndrome qui ressemble fortement à une grosse gastro-entérite, avec des troubles digestifs vraiment marqués, des vomissements, des douleurs abdominales, des diarrhées. Celles-ci peuvent être si intenses que cela peut créer un vrai risque de déshydratation, particulièrement pour les personnes sensibles. Cela nécessite la prise en charge aux urgences pour être réhydraté et surveillé pendant la durée des symptômes", précise-t-il. Ces derniers peuvent arriver rapidement quand les toxines des champignons attaquent directement le tube digestif. Dans la plupart des cas, ils disparaissent au bout de 48 heures.
Mais certaines erreurs de champignon peuvent être bien plus graves. "Vous avez des champignons qui vont donner des atteintes du foie avec une hépatite vraiment majeure, pour laquelle on ne peut parfois rien faire et qui peuvent mener jusqu’à la transplantation hépatique voire au décès du patient", alerte-t-il. Par ailleurs, "vous avez des champignons qui donnent des atteintes rénales qui sont très importantes et qui peuvent nécessiter des transplantations. Vous avez aussi des atteintes neurologiques qui peuvent faire convulser (…) Vous avez vraiment des poisons puissants dans les champignons !", insiste-t-il.
Aussi, si vous vous sentez pris de troubles digestifs sévères ou de la vue, de tremblements ou de vertiges après avoir consommé des champignons sauvages appelez immédiatement le 15 ou le centre antipoison de votre région en précisant bien en avoir mangés.
Bien penser à prendre sa cueillette en photo avant de la cuisiner
Pour éviter d’en arriver là, l’Anses et la Direction générale de la Santé rappellent de ne ramasser que les champignons que vous connaissez parfaitement. Ne cueillez que des spécimens en bon état et complets afin d’être sûr de pouvoir les reconnaître. Au moindre doute, faites contrôler votre récolte par un spécialiste.
Après récolte, lavez-vous les mains et gardez-vous bien de conserver vos champignons dans un sac plastique car cela accélère le pourrissement. Stockez-les au réfrigérateur, dans une caisse ou carton et mangez-les dans les deux jours. Consommez-les toujours cuits et, avant de les cuisiner, pensez bien à les photographier. S’il y a un problème, la photo pourra permettre à un toxicologue d’identifier ce qui vous a rendu malade et de vous proposer ainsi un traitement adéquat. Enfin, ne donnez jamais de champignons sauvages à manger aux enfants, rappelle l’Anses.