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Etude multinationale

Traitement de l'hypertension : l'efficacité des inhibiteurs de l'ECA remise en cause

Par le Dr Jérome Bargé

C'est le traitement le plus prescrit dans le l'hypertension artérielle. Mais l'efficacité réelle des inhibiteurs de l'ECA est pourtant remise en cause par une étude multinationale portant sur près de 5 millions de patients. Des travaux qui montrent que les hypertendus traités avec des diurétiques présentent moins de risques d'accidents cardiaques et cérébro-vasculaires.

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C'est le traitement de l'hypertension artérielle le plus populaire. Mais les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (ECA) ne seraient pourtant pas la prescription la plus efficace en augmentant le risque d'accidents cardiaques et d'AVC. Les inhibiteurs de l'ECA bloquent les effets d'une hormone produite naturellement par les reins et appelée angiotensine II. En bloquant l'effet de l'angiotensine II, ces inhibiteurs entraînent un relâchement des vaisseaux sanguins, ce qui diminue la pression artérielle.

Dans une étude multinationale réalisée par un centre de recherche basé à l'université de Columbia et publiée par The Lancet et qui a été menée -c'est une première-, auprès de près de 5 millions de patients, c'est à dire environ 10% des hypertendus dans le monde, ces inhibiteurs de l'ECA apparaissent comme le premier antihypertenseur prescrit à 48% des patients. Et des travaux montrent que plus de 3 000 événements cardiovasculaires majeurs enregistrés chez ces patients auraient pu être évités s'ils avaient d'abord été traités avec un diurétique thiadizique, médicaments qui favorisent l'élimination d'eau et de sel par les reins et diminuent le volume de liquide qui circule dans les artères, abaissant ainsi la pression qui s'exerce sur leur paroi.

Les dossiers médicaux de 5 millions de patients

C'est en analysant les dossiers médicaux de près de 5 millions de patients et en prenant en compte des milliers de variables différentes pour éliminer les facteurs de confusion que cette étude a été menée. Elle apporte donc une démonstration sérieuse que les inhibiteurs de l'ECA en traitement de première intention sont moins efficaces et entraînent davantage d'effets secondaires qu'une alternative moins souvent prescrite.

Les directives actuelles de l'American College of Cardiology et de l'American Heart Association recommandent, pour débuter un traitement antihypertenseur, n'importe quel médicament appartenant à des classes différentes :les diurétiques thiazidiques, les inhibiteurs de l'ECA, les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II et les bloqueurs des canaux calciques de la dihydropyridine.

Un algorithme complexe pour identifier les effets des différents traitements

Jusqu'ici, les seuls éléments permettant aux médecins de choisir la classe de médicaments la plus adaptée pour commencer un traitement pour les personnes souffrant d'hypertension artérielle étaient des essais cliniques ne portant que sur quelques milliers de patients, la plupart d'entre-eux étant déjà sous traitement. L'étude menée par les chercheurs de l'université Columbia intègre, elle, des patients qui commencent un traitement antihypertenseur.

Les chercheurs ont utilisé un algorithme complexe pour identifier le nombre de crises cardiaques, d'hospitalisations pour insuffisance cardiaque, d'accidents vasculaires cérébraux et de près de 50 effets indésirables des médicaments enregistrés chez des patients prenant l'un ou l'autre des antihypertenseurs en première ligne. 

15% de crises cardiaques de moins avec les diurétiques

Et c'est ainsi qu'ils ont établi que les patients auxquels on avait d'abord prescrit des diurétiques thiazidiques présentaient 15% de moins de crise cardiaque, AVC ou hospitalisation pour insuffisance cardiaque mais aussi moins d'effets secondaires que les patients à qui avaient été prescrits des inhibiteurs de l'ECA.