“Une épidémie au sein d’une épidémie”. C’est ainsi que, dans une étude publiée dimanche 27 octobre, l’American Academy of Pediatrics décrit l’obésité sévère chez les adolescents et les enfants.
Alors qu’aux États-Unis en 2010, la moyenne de prévalence de l’obésité était estimée à 16,9% chez les enfants et les adolescents, le nombre de jeunes touchés par une obésité sévère, c’est-à-dire dont l’indice de masse corporelle est supérieur 40, sont de plus en plus nombreux. Les dernières données indiquent ainsi que la prévalence de l’obésité grave chez les jeunes est de 7,9%.
Pour ces enfants et ces adolescents souffrant d’obésité sévère, les stratégies mises en place ces dernières années par les autorités pour les inciter à modifier leur mode de vie ont eu peu d'influence. D’où la proposition faite aujourd’hui par l’American Academy of Pediatrics : faciliter leur accès à la chirurgie bariatrique et métabolique.
La chirurgie est sûre et efficace selon l'AAP
Selon les auteurs de la présente étude, des données récentes montrent que le traitement chirurgical est sûr et efficace, mais qu'il est largement sous-utilisé chez les enfants et les adolescents. “Les enfants souffrant d'obésité grave développent des problèmes de santé plus tôt que ceux qui souffrent d'obésité à un degré moindre, notamment le diabète, l'hypertension artérielle, les maladies grasses du foie et l'apnée du sommeil”, détaille la pédiatre Sarah Armstrong, auteure principale de l’étude. “Bien que les changements de mode de vie demeurent le pilier du traitement, il est peu probable que les soins médicaux changent significativement la trajectoire de la plupart des enfants atteints d'obésité sévère”, estime-t-elle.
Selon la pédiatre, “la dernière décennie de preuves a démontré que la chirurgie est sûre et efficace lorsqu'elle est pratiquée dans des centres de haute qualité, avec le pédiatre de soins primaires et la famille dans un processus décisionnel partagé. Malheureusement, nous constatons d'importantes disparités dans l'accès des patients à la chirurgie bariatrique. La chirurgie doit être une option pour tous les patients admissibles, sans distinction de race, d'ethnie ou de revenu.”
Une décision qui doit être fondée sur les besoins du patients et non son âge
Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs se sont basés sur plusieurs études antérieures, dont une qui a suivi des adolescents jusqu’à douze ans après l’intervention chirurgicale. Chez ces jeunes patients ayant subi une chirurgie baritatrique, les résultats ont fait état d’une réduction moyenne de 29% de leur IMC, ainsi que d’une réduction significative du diabète et de l’hypertension artérielle.
Voilà pourquoi l’American Academy of Pediatrics recommande aux pédiatres de diriger leurs jeunes patients touchés par une obésité sévère vers des centres multidisciplinaires qui pourront les évaluer et les suivre avant et après la chirurgie. Ils conseillent aussi d’éviter de fixer des limites d’âge arbitraires : l’intervention doit être envisagée pour tout patient souffrant d’obésité et qui répond aux critères de la chirurgie et ce, quel que soit son âge. “La décision d'avoir recours à la chirurgie métabolique et bariatrique devrait être fondée sur la santé et les besoins de chaque patient”, affirme ainsi le chirurgien pédiatrique Marc Michalsky, qui a participé à ces nouvelles recommandations. “Il devrait s'agir d'une décision réfléchie et concertée entre le patient, ses parents et son équipe médicale et chirurgicale, fondée sur son indice de masse corporelle, d'autres problèmes de santé et sa qualité de vie”, conclut-il.