La consommation excessive d'alcool peut troubler les sens, elle ne peut toutefois pas être responsable à elle seule, comme on l'a longtemps pensé, d'un rétrécissement du cerveau! En revanche, il y aurait bien un lien entre le volume du cerveau et l'alcoolisme mais une étude récemment publiée dans la revue Biological Psychiatry démontre que cette association serait imputable à des facteurs génétiques communs.
“Un volume cérébral plus faible dans certains régions peut prédisposer une personne à une consommation d'alcool accrue”, explique Ryan Bogdan, auteur principal de cette étude. Celle-ci s'appuie sur des données comparant les comportements de consommation entre jumeaux et non jumeaux, sur des données d'imagerie cérébrale chez des enfants n'ayant jamais été exposés à l'alcool et sur une analyse génétique des tissus cérébraux post-mortem.
“Des preuves convergentes qu'il existe des facteurs génétiques”
“Notre étude fournit des preuves convergentes qu'il existe des facteurs génétiques qui entraînent à la fois une réduction des volumes de matière grise et une consommation excessive d'alcool. Si ces résultats 'écartent pas l'hypothèse selon laquelle l'abus d'alcool pourrait réduire davantage le volume du cerveau, ils suggèrent que ces volumes ont commencé au départ plus bas”, précise Ryan Bogdan.
Dans deux régions du cerveau qui occupent une place prépondérante dans les émotions - mémoire, récompense, contrôle cognitif et prise de décision -, le cortex préfontal dorsolatéral et l'insula, qu'un volume de matière grise plus faible a été constaté en lien avec une grande consommation d'alcool.
Mais des analyses d'imagerie médicale ont aussi démontré que ce volume réduit était prédictif d'initiation à l'alcool dès l'adolescence. Et pour confirmer la nature génétique du lien entre petit cerveau et grande consommation d'alcool, les chercheurs ont comparé les cerveaux de frères et soeurs jumeaux et ont observé qu'au sein d'une même famille, la taille du cerveau était la même quelle que soit la tendance à consommer ou pas trop d'alcool.
Une vulnérabilité pré-existante
Enfin, l'équipe a constaté que le risque génomique lié à la consommation d'alcool est enrichi pour les gènes qui s'expriment préférentiellement dans le cortex préfrontal dorsolatéral et que l'expression de gènes spécifiques dans cette région était associée de manière répétée au risque génomique de consommation excessive d'alcool.
Ce qui fait dire à l'équipe de Ryan Bogdan que les preuves existent pour affirmer que le volume de matière grise plus faible est un facteur de vulnérabilité pré-existant pour une trop grande consommation d'alcool et non pas une conséquence de celle-ci.