Touchant 8 200 patients chaque année dont 80% d’hommes, le cancer du foie est caractérisé par l’apparition et le développement d’un ou plusieurs nodules cancéreux sur l’organe. Le plus souvent mortel, il est souvent diagnostiqué trop tard en raison de son caractère silencieux.
Sa forme la plus courante est le carcinome hépatocellulaire, qui prend naissance dans les cellules qui forment la majeure partie du foie (appelées hépatocytes). Le carcinome hépatocellulaire se développe le plus souvent chez les personnes qui ont un foie endommagé, comme par exemple au cours d’une cirrhose alcoolique, virale ou toxique.
Pour la première fois, des chercheurs de l'Institut de recherche biomédicale Bellvitge (IDIBELL), à Barcelone, viennent d’identifier une protéine de membrane cellulaire impliquée dans le développement et la progression du carcinome hépatocellulaire. Leurs résultats viennent d’être publiés dans le Journal of Hepatology.
Une corrélation entre niveaux de clathrine et de TGF-bêta
Appelée clathrine, cette protéine joue un rôle-clé dans l’endocytose, c’est-à-dire le processus d’internalisation des molécules de l’espace extracellulaire dans la cellule. Dans le cas de ces nouvelles recherches, l’équipe de scientifiques a montré que les cellules hépatiques invasives présentaient des taux élevés de clathrine. Plus précisément, les chercheurs ont montré que des niveaux élevés d'expression de la clathrine sont en corrélation avec l'activation pro-tumorigène d’une autre protéine, appelée TGF-bêta.
Celle-ci joue un double rôle : dans des conditions normales ou aux premiers stades du cancers, la TGF-bêta joue un rôle de suppresseur de tumeur, ce qui favorise la mort des cellules invasives et réduit donc la croissance tumorale. En revanche, dans les stades avancés du cancer du foie, les cellules tumorales ont acquis la capacité de répondre à la protéine TGF-bêta : celle-ci contribue donc à la propagation de la tumeur.
Ces nouveaux travaux montrent le rôle de la clathrine dans ce processus : en jouant un rôle dans l’endocytose des cellules tumorales, elle permet l’expression et le développement invasif de ces dernières.
Des tests menés chez l’humain ont montré que les patients atteints de carcinome hépatocellulaire présentant des taux élevés de TGF-bêta et de clathrine montreraient un diagnostic plus mauvais et une survie réduite.
De nouvelles pistes thérapeutiques
Pour le Dr Isabel Fabregat, professeure à la faculté de médecine et des sciences de la santé de l'université de Barcelone et chercheuse au CIBER des maladies hépatiques et digestives, ces résultats sont encourageants car ils ouvrent la voie à de nouveaux traitements ciblés pour les patients atteints de cancer du foie : il sera ainsi possible d’analyser les niveaux d'expression de la clathrine dans des biopsies du foie pour sélectionner les patients qui pourront bénéficier d'une thérapie beaucoup plus ciblée et personnalisée. “La détermination des niveaux d'expression de la clathrine dans des échantillons de patients atteints d'un carcinome hépatocellulaire peut être d'une grande aide pour sélectionner ceux qui peuvent recevoir une thérapie basée sur les inhibiteurs de la voie TGF- bêta”, conclut-elle.