La dépression est différente d’un simple coup de blues. C’est une véritable maladie du cerveau, caractérisée par une profonde tristesse et une perte de plaisir. Récemment, l’Inserm a listé neuf symptômes qui doivent alerter: sentiment de tristesse inconnu, perte d’intérêt et de plaisir, immense fatigue, idées noires ou suicidaires, variation de poids, difficultés de concentration et de mémorisation, sentiment de dévalorisation et de culpabilité excessif ou inapproprié, troubles physiques, ralentissement psychomoteur.
Lorsque le diagnostic de la maladie est posé, des antidépresseurs sont prescrits. Mais selon une nouvelle étude, publiée dans la revue Journal of Neurology Neurosurgery & Psychiatry, des médicaments du quotidien, comme l’ibuprofène et l’aspirine, pourraient avoir des effets positifs sur la dépression. Et même être plus efficaces que les antidépresseurs.
Les anti-inflammatoires, 2 fois plus efficaces
Les chercheurs ont suivi 1 610 participants qui prenaient régulièrement des anti-inflammatoires et ont découvert que la prise de ces médicaments était 2,5 fois plus efficace que les traitements antidépresseurs. Pour l’équipe scientifique, cela s’explique par le lien existant entre inflammation de l’organisme et dépression. Lorsqu’il se sent menacé, le système immunitaire déclenche une réaction inflammatoire et cela entraîne certains changements dans le corps, comme l’augmentation du nombre de globules rouges par exemple. De cette manière, il a déjà été constaté que les personnes souffrant de maladies auto-immunes, telle que la polyarthrite rhumatoïde, risquent davantage de souffrir de dépression. Les auteurs de l’étude estiment que 30% de ces personnes malades sont plus dépressives que la population “normale”.
Attention à ne pas les prescrire sur le long terme
Auparavant, la communauté scientifique estimait que le cerveau était totalement coupé du système immunitaire. Or, il a été démontré que les cellules nerveuses du cerveau étaient liées à ce dernier. Selon Ed Bullmore, responsable du département de psychiatrie de l’Université de Cambridge, cette découverte “devrait [les] inciter à réfléchir davantage à la manière dont [ils pourraient] utiliser ces anti-inflammatoires pour aider les personnes souffrant de dépression.” Toutefois, les auteurs de l’étude précisent qu’il pourrait être dangereux de prescrire des anti-inflammatoires à long terme. “Étant donné qu’il faudrait prendre un traitement pendant plusieurs mois, il n’est pas logique de traiter les patients déprimés avec des médicaments potentiellement dangereux plutôt que d’utiliser des antidépresseurs, qui sont réellement sûrs et efficaces.” Récemment, une vaste étude publiée dans JAMA Psychiatry a estimé qu’effectivement, les antidépresseurs étaient sans danger. En revanche, les effets secondaires sur chaque patient doivent être étroitement surveillés.