Privilégier la thérapie douce aux médicaments fonctionne. D’après des chercheurs de l’école de médecine de l’université du Michigan, la thérapie cognitivo-comportementale est aussi efficace que les antidépresseurs à long terme. En termes de coûts, les deux méthodes seraient équivalentes.
Dépasser les préjugés sur le coût des thérapies
Dans Annals of Internal Medicine, l’équipe de recherche de l’université du Michigan montre que les personnes dépressives diagnostiquées récemment devraient pouvoir suivre une thérapie cognitivo-comportementale au lieu de directement prendre un traitement médicamenteux. “On peut penser que les antidépresseurs coûtent moins cher que la psychothérapie, explique Eric L. Ross, l’un des auteurs de l’étude, parce qu’ils ne nécessitent pas de trajet, de temps passé en dehors du bureau et autant de contact avec les médecins, en comparaison à la thérapie. Mais lorsqu’on s’intéresse aux effets à long-terme de chacun des traitements, on constate que les deux sont aussi efficaces.”
Le modèle mis au point par l’équipe de recherche montre qu’au bout d’un an, les antidépresseurs reviennent à un coût inférieur en comparaison à une thérapie, même en prenant en compte les visites des patients chez leur médecin pour renouveler les ordonnances et suivre l’avancée du traitement. Mais le suivi d’un traitement anti-dépresseur nécessite souvent de tester plusieurs médicaments, et certains patients arrêtent de les prendre à cause d’effets secondaires, puis parfois rechutent. Les scientifiques constatent qu’en additionnant ces facteurs, sur une période d’un an, les deux méthodes de traitement s’équivalent. Sur une période de cinq ans, il n’y a plus de doute pour les chercheurs : le ratio coût/bénéfice des deux techniques de soin est quasiment identique.
Des politiques de santé à adapter
“Si les thérapies cognitivo-comportementales et les antidépresseurs sont équivalents en termes de coût, d’autres facteurs doivent permettre de décider quel traitement administrer aux patients, souligne Kara Zivin, co-autrice de l’étude, et les facteurs les plus importants sont les valeurs et les préférences du patient.” Elle souligne également que les politiques de santé doivent s'adapter. En France, le suivi psychiatrique est pris en charge par l'Assurance maladie, et la consultation d'un psychologue peut l'être dans certains cas, notamment si elle est réalisée dans un hôpital ou un centre médico-psychologique. Quatre départements expérimentent, en ce moment, le remboursement à 100% des consultations chez un psychologue pour les patients défavorisés.