Alors que l’Assemblée nationale vient de donner son feu vert à l’expérimentation du cannabis thérapeutique pendant deux ans en France, des scientifiques estiment qu’il est trop tôt pour dire que les cannabinoïdes ont des bienfaits sur la santé mentale. C’est la conclusion d’une étude, dans laquelle les chercheurs ont analysé les données de 3 000 personnes, et surtout 83 essais réalisés entre 1980 et 2018. Leurs conclusions sont publiées dans la revue The Lancet Psychiatry.
L’équipe scientifique a voulu vérifier l’efficacité des traitements à base de cannabis sur six maladies mentales de l’adulte: la dépression, les troubles anxieux, le trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention, le syndrome de Gilles de la Tourette, le trouble de stress post-traumatique et la psychose. Les preuves de cette efficacité sont limitées, selon les chercheurs.
Le cannabis thérapeutique, de plus en plus consommé dans le monde
“Nos résultats ont des implications importantes dans les pays où le cannabis et les cannabinoïdes sont disponibles à des fins médicales”, explique Louisa Degenhardt, professeure à l’université de New South Wales, en Australie, et autrice principale de l’étude. C’est le cas par exemple en Israël, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas ou encore dans une vingtaine d’Etats américains. “Ceux qui décident de continuer doivent être surveillés de près pour détecter les effets positifs et négatifs sur la santé mentale de l’utilisation de cannabinoïdes à usage médical”, poursuit-elle. La consommation de ces traitements est globalement en augmentation dans le monde. Pourtant, des études précédentes ont estimé qu’ils pouvaient augmenter les symptômes de psychose, de dépression et d’anxiété.
Des bienfaits lorsqu’il y a une autre maladie
De plus, l’équipe scientifique a constaté que dans les différents essais analysés, l’efficacité du tétrahydrocannabinol (THC) pharmaceutique avait légèrement pu améliorer les symptômes d’anxiété chez les personnes souffrant d’autres pathologies, telle que la sclérose en plaques ou la douleur chronique. Là aussi pour les chercheurs, les preuves sont tout de même insuffisantes. Parfois même, les symptômes de la psychose se sont aggravés. Des résultats différents donc, en fonction des études. Pour les chercheurs également, le nombre de participants était à chaque fois petit. Ils réclament donc de nouvelles études, de plus grande ampleur, afin d’examiner les différentes conséquences des cannabinoïdes sur les personnes souffrant de troubles mentaux.