Les cas de rougeole ont triplé dans le monde depuis le début de l’année, avec 364 808 cas diagnostiqués entre le 1er janvier et le 31 juillet, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Il s’agit là des chiffres les plus élevés jamais enregistrés depuis treize ans. Cette maladie est extrêmement contagieuse, et aucun traitement ne peut la soigner à ce jour. Cependant, il existe un vaccin pour échapper à la rougeole, qui tend à faire baisser la mortalité infantile.
Une nouvelle étude, publiée dans la revue Science, démontre en quoi la vaccination est indispensable. En effet, l’équipe scientifique, composée de chercheurs d’Harvard, de l’Institut médical Howard Hugues et de l’université Erasmus aux Pays-Bas, explique que le virus de la rougeole attaque le système immunitaire.
Notre système immunitaire a une mémoire
Pour mener cette étude, les chercheurs ont analysé le sang de 77 enfants néerlandais contaminés par la rougeole lors de l’épidémie qui a frappé le pays en 2013. Le sang de ces enfants avait été prélevé avant l’infection, puis deux mois après. Ils ont également utilisé un outil développé aux États-Unis, du nom de VirScan. Ce dernier identifie les différents virus qui ont infecté une personne dans le passé, et dont le système immunitaire se souvient. En effet, lorsque l’organisme rencontre un virus, il créé des anticorps protecteurs qui restent dans le futur. C’est ce que l’on appelle "la mémoire immunitaire".
De 11 à 73% d’anticorps détruits
Après ces examens, les chercheurs ont constaté que la rougeole éliminait entre 11 et 73% de ces anticorps protecteurs chez les enfants. Le virus "remet à zéro votre système immunitaire et le fait revenir à un état plus naïf", explique l’épidémiologiste Michael Mina, co-auteur de l’étude. Le mécanisme est le même que pour le virus du Sida, mais le système immunitaire est attaqué plus vite. Pour espérer un retour à la normale, il faut que les anticorps soient "ré-infectés par les pathogènes, comme les nouveaux-nés qui prennent beaucoup de risques dans les premières années de leur vie", poursuit le chercheur. Dans le cas de la rougeole, les défenses immunitaires se reconstruisent plus vite que pour le VIH. Cette étude montre finalement que les dangers liés à la rougeole dépasse l’infection en elle-même. D’où l’importance de la vaccination.