Caractérisé par un taux anormalement élevé et chronique de sucre dans le sang, le diabète de type 2 est causé par un manque d’insuline, une hormone produite par le pancréas et qui régule naturellement le taux de glucose dans le sang. Affectant près de 425 millions de personnes dans le monde, cette maladie peut être causée par une prédisposition génétique, mais aussi des facteurs environnementaux comme le tabac, l’alimentation et le surpoids, ainsi que le manque d’exercice physique.
Mais d’autres facteurs environnementaux peuvent aussi entrer en ligne de compte dans la prédisposition au diabète de type 2. C’est ce que met en lumière une nouvelle étude de l’Université de l’Illinois à Chicago (UIC), publiée dans le Journal of Diabetes Investigation. Selon ses auteurs, de multiples facteurs environnementaux sont associés à un risque plus élevé de diabète dans les comtés ruraux et à faible densité de population que dans les comtés urbains.
Une étude inédite sur l’effet cumulatif des facteurs environnementaux
"Il s'agit de l'une des rares études à examiner les effets environnementaux sur le risque de diabète à l'échelle nationale et à déterminer s'il existe ou non une différence entre les facteurs urbains et ruraux", explique le Dr Jyotsna Jagai, première auteure et professeure adjointe de recherche en sciences environnementales et de santé au travail à l'École de santé publique de l'UIC.
Pour le savoir, les chercheurs se sont basés sur une évaluation de 3 314 comtés américains et ont mis au point un indice de qualité de l’environnement (IQE), établi à partir de différentes données, notamment la qualité de l’air, de l’eau et du sol, ainsi qu’à partir de facteurs sociodémographiques : le revenu médian des ménages, le niveau de scolarité, les taux de crimes violents…
D’après le Dr Robert Sargis, professeur agrégé d'endocrinologie, de diabète et de métabolisme et co-auteur de l’étude, cette « évaluation cumulative des IQE est unique en son genre ». "Dans la plupart des études, nous ne tenons pas compte de la combinaison de facteurs. Nous examinons des produits chimiques uniques ou des catégories de produits chimiques uniques et la façon dont ils sont associés au risque de maladie. Cette étude regroupe tous les facteurs qui, à notre avis, augmentent le risque et les regroupe en une seule mesure pour examiner l'environnement cumulatif."
Mieux cibler les populations rurales plus exposées au diabète
Ce recoupage des données a permis de montrer que, dans les régions rurales et moins peuplées des États-Unis, une qualité environnementale globale inférieure était associée à une prévalence plus élevée du diabète de type 2. Ce risque est notamment étroitement associé à la qualité de l’air, au bâti et aux facteurs sociodémographiques. A titre de comparaison, dans les zones urbaines, le risque de diabète n'était associé qu'aux facteurs atmosphérique et sociodémographique.
"Il se peut qu'il se passe quelque chose de différent dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Nos résultats suggèrent que l'exposition environnementale peut être un facteur plus important dans les comtés ruraux que dans les zones urbaines des États-Unis", avance le Dr Jagai. "L'environnement auquel nous sommes exposés est plus vaste que les seuls polluants. Notre santé dépend de ces effets combinés, tels que les facteurs de stress, sociodémographiques ou construits, qui peuvent avoir un impact sur nos moyens de subsistance."
Selon les auteurs de l’étude, ces différences entre les facteurs de risque environnementaux du diabète dans les populations urbaines et rurales pourraient éclairer la façon dont sont abordés les problèmes structurels qui favorisent le développement du diabète de type 2 et comment aider les populations jusqu’ici négligées par les campagnes de dépistage et de prévention.