Le virus de l’herpès génital est quasiment impossible à éradiquer. Cette infection sexuellement transmissible, virale et très contagieuse, touche en France environ 20% de la population sexuellement active, selon les chiffres de l’Assurance maladie. Si certains mécanismes de propagation du virus de l’herpès restent méconnus, les chercheurs de l’université de médecine de Phoenix, dans l’Arizona (Etats-Unis) ont découvert de nouveaux traitements pour freiner sa propagation, grâce aux propriétés antivirales des protéines inflammatoires. Les résultats de leur étude ont été publiés dans le numéro du mois d’octobre du Journal of Immunology.
L'équipe a cherché une corrélation entre le virus de l’herpès et la façon dont la protéine pro-inflammatoire peut jouer un rôle important dans l'amélioration des traitements actuels et futurs. Elle a découvert que la protéine IL-36y est une composante essentielle de la réponse immunitaire à une infection herpétique. Durant leurs recherches, ils ont également voulu savoir si d'autres mécanismes peuvent compenser le manque d’IL-36y.
La protéine inflammatoire qui défend notre corps
Selon le chercheur, il est établi depuis longtemps que les protéines des cytokines sont essentielles au système immunitaire, car elles coordonnent la réponse aux pathogènes et permettent la communication intercellulaire. Identifiée il y a 20 ans comme une cytokine pro-inflammatoire, l’IL-36y est déjà connue pour son rôle important dans les maladies inflammatoires chroniques, mais cette étude a découvert son action dans les maladies infectieuses comme l'herpès.
Melissa Herbst-Kralovetz, autrice principale et professeure agrégée au département des sciences médicales fondamentales de l’université de Phoenix, affirme que le groupe de recherche a été le premier à détecter l’IL-36y dans l’appareil génital féminin, et a étendu ces travaux pour évaluer dans quelle mesure cette molécule peut protéger ou contribuer aux infections génitales.
Pour Jameson Gardner, un étudiant diplômé en recherche au laboratoire du Dr Herbst-Kralovetz, les scientifiques travaillent depuis des décennies pour développer un vaccin capable de protéger contre l'herpès génital, sans succès. Cependant, ces efforts ont mis en lumière des informations importantes sur la réponse immunitaire dans l’appareil génital féminin.
La protéine empêche l’herpès de remonter jusqu’au système nerveux
Les chercheurs ont trouvé que chez les personnes possédants l’IL-36y, les gènes intacts étaient mieux protégés contre l'infection intravaginale par le virus de l’herpès génital que ceux qui en sont dépourvus. Une fois installé, le virus de l’herpès se propage dans tout le système nerveux et remonte jusqu’au cerveau. Avec cette étude, les chercheurs ont découvert que l'IL-36y semble fonctionner d'une manière jusqu'ici non caractérisée pour protéger contre la neuroinvasion virale (une infection qui affecte le système nerveux). La présence de cette protéine limiterait la propagation du virus de l’herpès génital au système nerveux, selon Melissa Herbst-Kralovetz.
Bien que le mécanisme précis par lequel l'IL-36y protège contre l'invasion neurologique reste encore à découvrir, ces conclusions ouvrent la voie à de futures recherches dans ce domaine. Grâce à ces recherches, les scientifiques ont également pu confirmer que l'IL-36y a joué un rôle crucial dans le recrutement des neutrophiles, un type de globules blancs qui protège contre les agents pathogènes envahissants.
Jameson Gardner indique que l'amélioration de notre compréhension des fonctions de l'IL-36y peut contribuer à la mise au point de nouveaux traitements pour protéger contre les infections sexuellement transmissibles et ainsi, espérons-le, réduire la propagation de ces dernières dans le monde.