La dépression est la maladie psychique la plus répandue au monde. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 300 millions de personnes seraient touchées dans le monde. En France, on compterait 3 millions de patients dépressifs et selon l’Agence de sécurité nationale du médicament (ANSM), “près de 13,4% de la population française a ainsi consommé en 2015 au moins une fois une benzodiazépine (anxiolytique principalement)”. Un chiffre qui fait de nous les deuxièmes plus gros consommateurs de benzodiazépines en Europe après l’Espagne.
Afin de ne réduire la prescription d’antidépresseurs, certains spécialistes commencent à suggérer la marijuana pour détendre les anxieux. Il y a quelques années, une étude canadienne a même démontré, qu’à faibles doses, une forme synthétique de l'ingrédient actif du cannabis est aussi efficace que les antidépresseurs traditionnels comme le Prozac. Toutefois, d’après une étude parue dans The Lancet Psychiatry le 28 octobre, le cannabis ne sert en rien les troubles mentaux. Dans certains cas, comme la psychose, il aggraverait au contraire les symptômes.
Des chercheurs australiens affiliés au centre national de recherche sur les drogues et l’alcool à l’Université de New South Wales, à Sidney, ont examiné 83 études conduites entre 1980 et 2018 afin de déterminer l’efficacité et l’innocuité de tous les types de cannabinoïdes à usage médical dans le traitement de la dépression, de l’anxiété, du syndrome de la Tourrette, du trouble de l'hyperactivité et de l'attention, du syndrome de stress post-traumatiqueet et de la psychose. Parmi ces études, 40 sont des essais contrôlés et randomisés.
D’autres études sont nécessaires
Résultats des observations : les seules personnes moins anxieuses après un traitement à base de cannabis étaient les patients souffrant de douleur chronique ou de sclérose en plaques. Mais les preuves sont “de faible qualité”, assurent les chercheurs. Quant aux autres pathologies, la marijuana aggrave bien souvent leurs manifestations, notamment chez les personnes atteintes de psychoses.
Ainsi, “les preuves sont insuffisantes pour fournir des indications sur l'utilisation de cannabinoïdes pour le traitement des troubles mentaux dans un cadre réglementaire. D'autres études de haute qualité examinant directement l'effet des cannabinoïdes sur le traitement des troubles mentaux sont nécessaires.”
“Nos résultats ont des implications importantes dans les pays où le cannabis et les cannabinoïdes sont mis à disposition pour un usage médical”, notent donc les chercheurs qui rappellent que se procurer de la drogue de manière illicite “comporte un risque de poursuites judiciaires, ainsi qu'un contenu, une qualité et une sécurité inconnus du produit.”
En France, le cannabis thérapeutique à l’essai à partir de 2020
En Australie, la possession de petites quantités de cannabis est autorisée dans certaines partie du pays. Fin septembre, le territoire de la capitale australienne (ATC), Canberra, a légalisé l’usage personnel du cannabis. Dorénavant, les personnes âgées de plus de 18 ans seront autorisées à posséder jusqu’à 50 grammes de cannabis et à cultiver deux plantes, ou un maximum de quatre par foyer.
En France, l’ANSM a donné en juillet son autorisation pour un test en situation réelle dans l’utilisation thérapeutique du cannabis dans le traitement de certaines pathologies ou pour soulager certains symptômes. A partir du début de l’année 2020, la prescription de produits à base de cannabis sera possible. Dans le détail, elle sera limitée aux patients en impasse thérapeutique, à ceux souffrant de certaines formes d'épilepsie résistantes aux traitements, de douleurs neuropathiques non soulagées par d'autres thérapies, d'effets secondaires de chimiothérapies, de contractions non contrôlées dans la sclérose en plaques, d'autres pathologies du système nerveux central et pour les soins palliatifs.
Les produits prescrits seront destinés à être inhalés, sous forme d'huile ou de fleurs séchées, ou ingérées, sous forme de solutions buvables à partir de gouttes ou capsules d'huile. Enfin, les médecins qui participeront à cette expérimentation seront des volontaires qui devront suivre une formation spécifique.