“Les patients ne rechutent jamais le jour de leur consultation, analyse la docteure Fanny Jacq, psychiatre, c’est plutôt quand il sont seuls.” Avec l’entrepreneur Benjamin Maquet, elle a lancé en octobre l’application Mon Sherpa pour aider les patients atteints de troubles psychiques. Ces derniers peuvent y échanger avec un agent conversationnel virtuel, ou chatbot, avoir accès à des informations sur leur traitement, réaliser des exercices de thérapie cognitive et comportementale, etc.
Plusieurs types de patients peuvent en bénéficier
“L’objectif de l’application est de remotiver les patients, et de les aider à faire les exercices mis en place par le médecin”, explique la docteure Jacq. L'ensemble des textes et informations présents dans l'interface ont été rédigés par des médecins. Elle est destinée aussi bien aux personnes suivies pour des pathologies lourdes qu’à des personnes qui vivent un épisode dépressif passager et qui ne sont pas suivies. Toutes peuvent avoir accès à la prise de rendez-vous avec un médecin en cas de problème. “Les personnes peuvent dire SOS au chatbot et l’outil propose des solutions, dont la téléconsultation d’un médecin sous 24 heures.” En début d’année prochaine, un bouton sur l’interface permettra d’avoir directement accès à la téléconsultation.
En parallèle, elle a été conçue comme un outil global par ses créateurs. “En Angleterre ou aux Etats-Unis, il existe déjà des solutions complètes, ajoute-t-elle, avec Mon Sherpa, nous voulons réunir toutes les briques de la santé mentale : les exercices thérapeutiques, le suivi du traitement ou du sommeil, la méditation, etc.” D’ici fin novembre, les médecins, dont les patients sont utilisateurs et d’accord, pourront récupérer ces informations sur l’usage de l’application : suivi du traitement, sommeil et humeur du patient. “Cela pourra leur permettre de mieux comprendre comment va le patient entre deux rendez-vous.”
Un outil pris en charge par l'Assurance maladie ?
Pour les patients, l’application est payante pour l’instant, 2,99€ le premier mois puis 5€ par mois, à terme, ses créateurs aimeraient qu’elle soit prise en charge. “Nous commençons une étude clinique avec 150 patients utilisateurs, en collaboration avec le CNRS et l’institut du cerveau et de la moelle épinière, annonce Fanny Jacq, si les résultats sont bons, et je pense que ça sera le cas, nous allons faire une étude plus large pour devenir dispositif médical, puis notre graal serait d’obtenir le remboursement de la sécurité sociale.” Entre temps, l’application pourrait être remboursée par certains organismes de mutuelle. Mille personnes ont déjà téléchargé Mon Sherpa, disponible seulement sur l'Apple Store, elle sera sur Android d’ici la fin de l’année.
Un manque d'accès aux soins
Déjà co-fondatrice de Doctoconsult, une plateforme de téléconsultation en addictologie, psychiatrie ou encore nutrition, Fanny Jacq veut transformer le secteur de la santé grâce aux outils numériques. “Le manque d'accès aux soins des personnes souffrant de troubles psychiques est un vrai sujet.” Grâce à Doctoconsult et son application, elle espère combler ce vide. En France, une personne sur cinq souffre de troubles psychologiques au cours de sa vie. “Ça représente 12 millions de personnes, 9 millions doivent sûrement avoir un smartphone, ce sont elles que nous voulons toucher”, annonce-t-elle.