Manger des carottes pour lutter contre la pollution. Cela pourrait être une blague, si les propos n’avaient pas été tenus par le ministre de la Santé indien. Depuis plusieurs jours, un épais brouillard de pollution enveloppe le nord de l'Inde, à cause des brûlis agricoles liés aux récoltes de riz. Les panaches de fumées, en provenance des états du Pendjab et de l’Haryana, dans le nord du pays, ont atteints New Delhi, la capitale. Là-bas, les habitants ont du mal à respirer. Les troubles respiratoires se sont aggravés, les gens se plaignent d’avoir les yeux brûlants et la plupart d'entre eux ne sortent pas sans masque.
Pour tenter d’enrayer la pollution, le ministre indien de la Santé, Harsh Vardhan, a récemment conseillé aux gens de manger des carottes pour combattre les effets de la pollution. “Manger des carottes aide le corps à obtenir de la vitamine A, du potassium et des antioxydants, qui protègent contre l’héméralopie (difficulté à voir lorsque la luminosité est faible, NDLR). Les carottes aident aussi à lutter contre d'autres problèmes de santé liés à la pollution.”
Ses propos n’ont pas manqué de susciter de vives réactions dans le pays, où les citoyens attendent davantage de mesures concrètes pour réduire la pollution que de suggestions alimentaires.
Carotte et médecine ayurvédique
Si le ministre de la Santé évoque les propriétés de la carotte, c’est parce qu’elle tient une place particulière dans l’Ayurveda, la médecine traditionnelle non-conventionné indienne. Dans cette médecine, les carottes sont censées nettoyer le sang et le foie et sont riches en antioxydants. Toujours selon la médecine ayurvédique, la carotte est censée préserver et améliorer la vue. En effet, les carottes sont riches en vitamine A, en lutéine et en lycopène, qui sont essentielles pour le bon fonctionnement de l’œil. Toutefois, la carotte n'est pas un légume miracle pour autant, car elle n’a aucun effet contre la pollution.
Le 7 novembre,l’ambassade des Etats-Unis, basée dans la capitale indienne, a relevé une concentration de particule fine (PM2,5) de 345mg par mètre cube d’air, soit près de 14 fois la recommandation journalière préconisée par l’Organisation mondiale pour la santé (OMS), fixée à 25mg. Pour tenter de réduire la pollution dans la ville, les autorités ont décrété la fermeture des écoles et l’arrêt des chantiers, et la circulation alternée a également et mise en place jusqu’au 15 novembre. Selon une étude parue dans la revue The Lancet l’année dernière, la pollution aurait causé 1,2 million de décès prématurés en Inde en 2017.