Les fongicides sont un type de pesticides utilisés dans l’agriculture pour lutter contre les champignons, les moisissures. Dans une étude publiée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), les chercheurs démontrent qu’une molécule présente dans les fongicides de type SDHI (pour Inhibiteurs de la succinate deshydrogénase) est toxique pour l’homme et l’environnement.
Les fongicides SDHI “sont répandus sur 70% des surfaces de blé tendre, d’orge. On les utilise aussi pour les cultures de raisins, de fraises, de pommes de terre. Autrement dit, les SDHI sont omniprésents. Sans compter l’usage sur des terrains de sport, pour lutter contre les petits vers qui s’attaquent au gazon”, explique Pierre Rustin, directeur de recherche au CNRS. L’étude est publiée dans la revue Plos One.
Les cellules humaines meurent plus vite
Le SDHI est autorisé en France et en Europe. D’après les résultats de l’étude, 8 des 11 fongicides utilisés dans l’Hexagone ne se contentent pas de bloquer la respiration des champignons, mais également celle des cellules humaines. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont étudié les cellules de peau en culture, provenant d’avant-bras.
“Nous avons pu montrer que les fongicides SDHI empoisonnent les cellules normales. Mais nous avons également examiné des cellules qui provenaient de malades, dont la respiration des cellules fonctionnait déjà mal. Par exemple, chez des patients souffrant d’Alzheimer ou d’une maladie neurologique, appelée ‘ataxie de Friedreich’. Il en ressort que ces cellules vont mourir encore plus vite”, poursuit Pierre Rustin.
Des scientifiques ont déjà évoqué les risques
Les personnes les plus à risques sont évidemment les agriculteurs, mais également les personnes aux alentours des cultures. De plus, l’Inserm alerte sur les conditions des tests réglementaires actuels de toxicité, qui ne permettent pas de connaitre réellement les dangers. L’année dernière, des chercheurs avaient déjà alerté sur la dangerosité de cette molécule. Mais en janvier 2019, l’Agence sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) avait conclu qu’il n’y avait pas d’éléments pour justifier la mise en place d’une alerte sanitaire. L’Inserm, elle, appelle à interdire ces fongicides.