Souffrances psychologiques, stress, détection de maladie… Les bienfaits possibles de la réalité virtuelle sur la santé intéressent la communauté scientifique depuis quelques années. Une nouvelle étude, publiée dans la revue Pain Reports, démontre que cette technologie peut également permettre de soulager les douleurs chroniques. Cette étude a été menée par des chercheurs de l’Imperial College de Londres.
Imiter la douleur
La piste privilégiée par les scientifiques est que d’abord, la réalité virtuelle distrait le patient. De plus, elle pourrait déclencher les systèmes de lutte contre la douleur, réduire la sensibilité aux stimuli douloureux et l’intensité de la souffrance. Quinze personnes ont participé à cette étude. Ils se sont vus administrer sur la peau de leur jambe une crème topique contenant de la capsaïcine, le composé du piment qui brûle la bouche. La capsaïcine a sensibilisé la peau, la rendant plus sensible aux stimuli douloureux (en l’occurence, un petit choc électrique). Ce processus a permis d’imiter la sensibilité accrue des personnes souffrant de douleurs chroniques, comme la douleur au bas du dos, l’arthrite ou la douleur nerveuse.
L’immersion est la clé
Chaque patient devait évaluer sur une échelle de 1 à 100 la douleur causée par la crème, tout en regardant une scène de réalité virtuelle représentant l’Arctique. Les chercheurs ont constaté que la sensation de douleur et la sensibilité aux stimuli douloureux étaient réduites après l’immersion en réalité virtuelle. Cependant, ce n’était pas le cas lorsque le patient observait uniquement des images fixes de la banquise. Ce qui a prouvé à l’équipe scientifique que l’immersion était le facteur clé. À noter toutefois que même si les résultats sont encourageants pour les chercheurs, l’étude est limité par le petit nombre de participants.
La réalité virtuelle, futur traitement alternatif ?
D’autres études devront être menées dans le futur, notamment pour déterminer quelles sont les voies exactes qui permettent à la réalité virtuelle de soulager les douleurs. Mais également pour arriver à un schéma posologique efficace, comme des séances de 30 minutes par exemple, une ou plusieurs fois par jour. “Le but de cette étude était de démontrer que la réalité virtuelle avait la capacité de modifier le traitement pathologique associé à la douleur chronique”, explique le Dr Sam Hugues, auteur principal de l’étude.
“Il y a encore beaucoup de choses à comprendre, mais l’un des aspects intéressants de notre étude est que la conception de la réalité virtuelle que nous avons utilisée est complètement passive. Autrement dit, les patients n’ont pas besoin d’utiliser leurs bras. Cela pourrait signifier que ceux qui souffrent de douleur chronique mais qui sont alités ou ne peuvent pas bouger leurs membres, pourraient bénéficier de cette approche”, conclue-t-il.