Le suicide est un fléau mondial. En moyenne, une personne met fin à ses jours toutes les 40 secondes environ, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Certains d'entre eux pourraient être sauvés par certains médicaments qui provoquent une diminution des pulsions suicidaires. Dans une étude publiée dans le Harvard Data Science Review, les chercheurs ont regardé 922 ordonnances de médicaments de 150 millions de patients entre 2003 et 2014. Ils se sont aperçus que 10 médicaments pouvaient être liés à une augmentation du taux de suicide et 44 autres diminuaient les envies suicidaires. Bon nombre de ces médicaments portaient un avertissement de la Food and Drug Administration, l’agence du médicament américaine, afin de mettre en garde les patients sur les comportements suicidaires que peuvent développer ces produits. De plus, l’étude démontre également que les médicaments qui diminuent les comportements suicidaires ne sont pas prescrits dans ce but; la plupart du temps, il s'agit de médicaments contenant de l'acide folique, qui sont fréquemment administrés aux femmes enceintes.
Robert Gibbons, directeur du Center for Health Statistics de l'université de Chicago et auteur principal de l'étude, affirme que les médicaments associés à une diminution du taux de suicide comprennent un antihistaminique et un médicament contre la maladie de Parkinson. Mais il y a encore beaucoup à faire pour le confirmer. “Si ces médicaments sont testés dans le cadre d'essais cliniques comme étant des effets réels, nous pourrions en utiliser davantage pour traiter les personnes suicidaires.”
Des médicaments aux vertus insoupçonnées
Les chercheurs ont mis au point un outil statistique pour évaluer l'association entre les médicaments et les tentatives de suicide. Ils ont étudié les dossiers de 922 médicaments avec plus de 3 000 ordonnances dans une base de données de demandes de remboursement de frais médicaux de 2003 à 2014. Il s'agit notamment de 146 millions de patients et de plus de 100 compagnies d’assurance aux États-Unis. Pour chaque personne prenant le médicament, les chercheurs ont compté les tentatives de suicide trois mois avant le dépôt de l'ordonnance et trois mois après avoir pris le médicament. Cela leur a permis d'analyser chaque médicament pris par une personne et d'examiner ses effets sur les tentatives de suicide. La question était de savoir si une tentative de suicide avait lieu avant ou après la prise du médicament.
L'équipe a constaté que 10 médicaments étaient liés à une augmentation significative des tentatives de suicide. Il s'agit notamment du Vicodin (un médicament non commercialisé en France), du Xanax, du Valium, ainsi que du Prednisone, un corticostéroïde. D'autre part, 44 médicaments sont responsables d’une diminution des pulsions suicidaires, comme c’est le cas pour l’Escitalopram (un antidépresseur) ou la Gabapentine (un antiépileptique).
Selon Robert Gibbons, ce nouveau modèle statistique peut être utilisé pour calculer les urgences qui surviennent avant ou après la prise d'un médicament. L’association des anciens combattants a exprimé son intérêt à utiliser cet outil et M. Gibbons espère que d'autres hôpitaux et systèmes de soins de santé suivront bientôt.
Selon des chercheurs de l'université de l'Illinois et de l'Université Columbia, les personnes qui consomment ces médicaments sont plus vulnérables à la dépression que les autres. Le nombre de suicides aux Etats-Unis a été en constante augmentation au cours des 16 dernières années, à tel point qu’il fait maintenant partie des dix causes de mortalité les plus importantes du pays.