Lydia Cohen était allergique à l’amoxicilline. Cette patiente le savait, c’était mentionné dans son dossier médical, et pourtant cette allergie médicamenteuse lui a été fatale. Le Parisien a révélé cette affaire le 10 juillet et l'enquête montre que le logiciel d’aide à la prescription utilisé à l’hôpital André Mignot de Versailles ne mentionnait pas cette allergie à un médicament pourtant très courant. L'amoxicilline est en effet l'un des antibiotiques les plus prescrits, pour soigner la toux, mais aussi les otites, sinusites, infections urinaires ou autres abcès dentaires. En ville comme à l’hôpital, l’amoxicilline est l’antibiotique de référence.
L'amoxiciline, à l'origine de nombreux effets secondaires
Pourtant, cet antibiotique serait à l’origine de nombreux effets secondaires. Une étude publiée dans la revue The Lancet, en 2012, en a apporté la démonstration. Plus de 2000 patients souffrant d’une infection respiratoire avec complications ont été répartis en deux groupes : la moitié a reçu de l’amoxicilline 3 fois par jour pendant 7 jours, l’autre moitié a reçu un placebo. Résultat : un nombre bien plus important de nausées, d’éruption de boutons ou encore de diarrhées chez les patients traités par l’antibiotique… Des inconvénients qui peuvent être jugés comme mineurs mais cette étude montre que la durée des symptômes pulmonaires était quasiment identique dans les deux groupes. La conclusion des chercheurs est sans appel : «Prescrire de l’amoxicilline à des personnes dont l’infection ORL ne dégénère pas en pneumonie n’a aucun effet sur leur toux et peut même provoquer d’autres symptômes indésirables ».
Des allergies médicamenteuses mortelles dans 2% des cas
L’amoxicilline peut aussi être à l’origine d’effets secondaires graves, tels que des chocs anaphylactiques. Cette réaction allergique qui touche plusieurs organes entraîne dans la plupart des cas de graves conséquences et peut même engager le pronostic vital. Jusqu’à maintenant, le nombre de cas d’anaphylaxies sévères dus à des médicaments était inconnu. Et les logiciels d'aide à la prescription ne sont pas tous dotés de système d'alerte en cas d'allergie médicamenteuse. Un réseau de pneumologues et d’allergologues français les a recensés et ils viennent de publier leurs résultats dans la revue Allergy. Ces huit dernières années, il y a eu 330 cas de recensés, et dans 2% l’issue a été mortelle.
Ecoutez le Pr Pascal Demoly, pneumologue au CHU de Montpellier : « Ces cas d’allergies graves concernent des médicaments assez banals comme les antibiotiques ou les anti-inflammatoires non-stéroïdiens ».
Ces résultats montrent bien que l’anaphylaxie médicamenteuse est un événement indésirable certes rare, mais elle existe et peut être souvent grave. Donc il est important de la diagnostiquer pour identifier le coupable et mettre ainsi le malade à l’abri d’un contact ultérieur.
Ecoutez le Pr Pascal Demoly : « Il faut donner au malade des listes de médicaments à proscrire et trouver ceux qui peuvent les remplacer ».